Retrouvez ci-dessous la lettre ouverte publiée par le syndicat Coordination Sud.
Chère candidate, cher candidat,
Vous êtes engagé·e ou sur le point de vous déclarer candidat et candidate à l’élection présidentielle. Face aux crises sanitaires, économiques, écologiques et sociales, la cohésion de la société française repose sur un pacte de solidarité nationale. Mais les enjeux sur notre territoire, comme la pandémie de Covid-19, illustrent le fait que les crises n’ont pas de frontières.
Elles sont partagées par l’ensemble des nations, vos futur·e·s homologues et l’ensemble des habitantes et habitants de la planète. Elles sont à l’échelle du globe et nécessitent une solidarité à la même échelle. La France commence à l’appréhender : sa population est traversée, concernée et dépendante des destins des autres peuples du monde.
Elle a promulgué en août dernier une loi définissant les orientations et les moyens de sa politique de développement solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales. Ce cadre législatif doit permettre d’ériger la solidarité internationale en un réel outil de réponse aux enjeux géopolitiques.
Des défis globaux
Nous, acteurs et actrices de la solidarité internationale, de l’humanitaire et du développement, associations de défense des droits humains et de lutte contre la pauvreté, associations féministes, de défense de l’environnement, d’éducation populaire et de diasporas réaffirmons que les défis nationaux et globaux sont interdépendants.
Les exemples ne manquent pas. Des inondations exceptionnelles ont eu lieu à l’été en Allemagne comme à l’automne au Népal. La déforestation continue au Brésil et en Asie du Sud-Est. Au Congo ou en Chine, des enfants sont exploité·e·s dans les mines et les ateliers. En Syrie comme au Niger, le personnel humanitaire est pris pour cible et la confusion entre populations civiles et militaires réduit l’accès aux populations vulnérables. Les inégalités et les violences basées sur le genre ou sur l’orientation sexuelle perdurent partout dans le monde, voire s’aggravent avec le retour de lois conservatrices en Hongrie ou encore en Égypte.
La crise de l’accueil des populations migrantes s’intensifie aux frontières polonaises comme sur les côtes libyennes. Les inégalités s’accroissent sans frontières et pourtant les mouvements de contestations, les lanceurs et lanceuses d’alertes sur les droits humains et l’environnement font face à la surdité politique, aux persécutions, voire aux homicides. Ainsi semble se dessiner notre présent commun.
Si ces défis engendrent une explosion des besoins humanitaires et d’aide au développement, ils sont aussi créateurs de cohésion, de lien social et de mouvements de solidarité partout dans le monde, à l’instar de la mobilisation d’associations françaises face aux incendies en Algérie cet été ; ou celle des jeunesses pour le climat. Il est nécessaire que les États, qui se sont accordés en 2015 pour « ne laisser personne de côté » lors de l’adoption des objectifs de développement durable, s’inspirent de ces initiatives citoyennes pour les traduire en actes politiques.
Un monde équitable
Nous, acteurs et actrices de la solidarité internationale engagé·e·s au sein de Coordination SUD, continuons d’avancer : nous portons des actions qui vont au-delà de cinq ans, répondant aux réalités d’aujourd’hui et aux besoins de demain. Grâce à leur cohérence et à nos diversités, nous avons une approche partagée : la solidarité internationale. Face à ces enjeux globaux, elle définit nos visions pour une France engagée avec et pour sa population et pour un monde solidaire, économiquement viable et équitable, écologiquement soutenable.
Nous portons des actions de défense des droits humains pour promouvoir l’engagement économique, social, politique et humain des personnes les plus exclues dans leur communauté, par exemple le droit à l’éducation inclusive, en particulier pour les enfants en situation de handicap.
Nous imaginons et développons des solutions de partage de richesse à l’image de l’aide publique au développement, des financements innovants, ou encore l’essor des socles de protection sociale, pour des économies viables, durables et soutenables, en réponse à la surconsommation, la surproduction, l’injustice fiscale et climatique qui prennent en étau les écosystèmes humains et naturels.
La résurgence et la subsistance de crises oubliées au Yémen, en Palestine, en Afghanistan, et partout dans le monde affectent des enfants, des femmes et des hommes qui luttent pour leur survie. Nous protégeons les populations civiles et apportons une assistance humaine, neutre, impartiale et indépendante prenant particulièrement en compte les personnes vulnérables et menons des actions pour des relations de paix et de solidarité entre les nations et les peuples.
Nous plaidons pour une mise en œuvre de ces solutions interdépendantes selon la logique partenariale des objectifs de développement durable, entre les États et les sociétés civiles, régulant le secteur privé et replaçant les citoyennes et les citoyens au cœur des politiques publiques et des choix communs.
Nous, acteurs et actrices de la solidarité internationale, vous appelons à vous saisir des solutions que portent les 60 000 associations de solidarité internationale françaises et des millions de citoyennes et de citoyens qui s’y investissent et les soutiennent. La société demande des solutions collectives, pragmatiques et concertées. Retrouvez-les dès janvier dans le « Manifeste pour la solidarité internationale » préparé par Coordination SUD.
Nous vous remercions,
Un collectif d’acteurs et actrices de la solidarité internationale engagé·e·s au sein de Coordination SUD, plateforme nationale des organisations françaises de solidarité internationale. La liste complète des signataires est à retrouver ici.