Est-ce que tu peux m’expliquer comment tu es venu à travailler pour l’UGPM ?
Avant j’étais paysan. Naturellement, comme les jeunes qui avaient mon âge, j’avais aussi envie d’aller en ville pour voir ce qui se passait. Je suis parti là-bas, j’ai passé 4 ans en ville, à Dakar. Ensuite je suis tombé malade et je suis revenu. Pendant que j’étais en ville j’ai commencé à militer dans des associations de jeunes pour la rénovation de notre village (près de la ville de Méckhé à 3 heures de voiture à l’Est de Dakar). Quand je suis revenu, j’ai commencé à me consacrer à l’agriculture avec d’autres jeunes de mon âge qui étaient dans le village. Ça c’est en 1981/83. C’était une période extrêmement difficile parce que c’était la période de désengagement de l’Etat, de la mise en place des politiques d’ajustements structurels par le FMI et autres. C’est ainsi que dans la période de 1983 à 1985 on a abouti à la création du UGPM. On voulait revaloriser l’identité paysanne. Ça c’était quelque chose qui nous tenait à cœur nos paysans étaient tellement méprisés. Personne ne voulait être paysan. Même nous, quand on commençait à devenir paysan, on était critiqué dans nos propres familles. C’était très difficile mais on a persévéré et on a travaillé dur, et c’est ça qui a changé un tout petit peu la face des choses. Je suis revenu mais parce que je suis fils de paysans. Mon aventure à Dakar, c’est ce que tous les jeunes ont en tête. Mais moi je me suis dit : on peut travailler et gagner sa vie ici, dans mon village.
Aujourd’hui combien de groupements compte-t-on à l’UGPM ?
76 groupements pour 90 villages, donc à peu près 5000, 5500 membres.
Vous êtes combien de salariés ici ?
On est tous de bénévoles ici. On est aujourd’hui 16 ou 17 personnes qui viennent travailler à l’UGPM quand ils le peuvent, c’est à dire quand ils ne sont pas occupés par leur activité de paysan. Ils ne sont pas salariés et sont juste indemnisés en fonction des tâches.
De quelle époque date les premiers projets ?
Tu sais, la vie de l’UGPM est marquée par des étapes. De 1985 à 1991, c’est pour nous nous le temps d’apprentissage. Un temps pour se connaître. Même si on était dans la même zone, on ne se connaissait pas avant de former l’UGPM. Il a fallu apprendre à être ensemble et surtout à gérer le bien commun. C’était une période où on a fait beaucoup de formations, que ce soit des formations techniques, de planification, de jeunes et d’anciens, des animations et des activités au niveau communautaire ou au niveau individuel. En 1991 on a dit maintenant il faut qu’on s’ouvre au monde extérieur. Il faut qu’on essaie de chercher des partenaires pour mettre en œuvre nos activités. Il y avait beaucoup d’interrogations de la part de membres qui disaient : maintenant on a beaucoup appris, qu’est-ce qu’on va faire avec les paysans que nous avons formés. Il a fallu qu’on avance. Et c’est là où est intervenu le premier partenariat avec Frères des Hommes.