Vous avez participé à la journée des droits de la femme, quelles étaient les raisons ?
Il y avait un thème au niveau mondial. Le thème portait sur l’égalité homme-femme. D’ici 2030 on voudrait que la parité soit respectée. En RDC, cette revendication est complètement fondée. Elle est fondée sur le fait que quand vous faites l’analyse de nos instances de décision, peu de femmes se trouvent au parlement et la question de la femme est très peu prise en compte. Il faudrait qu’au niveau des politiques gouvernementales on puisse réfléchir sur des politiques qui vont dans le sens de la promotion des femmes. Quand vous fouillez dans la documentation officielle, vous découvrez qu’on a défini une politique sur la parité. Il y a plusieurs politiques qui existent mais qui ne sont pas appliquées.
Pourquoi ne sont-elles pas mises en place ?
Cela dépend de la volonté de nos politiciens et celle-ci manque pour que la femme puisse arriver à des instances décisionnelles. La marginalisation de la femme est toujours présente même à notre niveau à nous, société civile. Dans certains cas, lorsque des organisations travaillent avec des femmes, elles donnent l’impression de le faire par rapport aux bailleurs, pour montrer que leurs projets incluent des femmes. Ce n’est pas parce qu’on travaille avec des femmes qu’on travaille pour la promotion de la femme. Qu’est-ce que ces femmes font réellement ? Même au niveau de nos gouvernements, partout où les femmes sont là, elles n’ont pas vraiment de décision. Des journées comme le 8 mars sont importantes pour nous. Nous revendiquons en montrant aussi de quoi nous sommes capables.
Vous montrez des solutions, c’est ça ?
Oui. Cette journée était l’occasion de parler de notre bilan, depuis maintenant 20 ans. Je peux prendre l’exemple du centre de formation. Il y a des femmes qui sont passées par le centre de formation, qui, aujourd’hui, sont devenues les patronnes de leurs microentreprises. Là, en tout cas, on voit ce que la femme est capable de faire. On a aussi parlé de nos activités de petit commerce. Il y avait des femmes qui ont témoigné et qui avaient commencé avec zéro capital. Actuellement, elles gèrent beaucoup d’argent. Elles en profitent aussi pour embaucher d’autres femmes.
Quel accueil de la part du gouverneur et des autorités locales à Bukavu ?
Tu sais toujours quand il y a des actions de plaidoyer, on reçoit très bien les femmes. En tout cas pour éviter des problèmes avec nous. Parce que là c’était suivi par beaucoup de médias. Donc on en parle. Et on prend la précaution de bien les recevoir et de dire aux femmes que vraiment beaucoup sera portée à toutes les questions qui sont posées.
Vous pensez qu’ils font semblant ?
Moi je vois qu’ils font semblant dedans. Parce que par la suite il n’y a rien qui a été fait. Bon, il y aura aussi la deuxième étape par rapport à ces demandes, à ces revendications. On va encore suivre. Quand on fait ce suivi-là, on définit des étapes jusqu’à ce qu’ils commencent à prendre en charge les différentes revendications. Parce que la parité qu’on est en train d’exiger c’est d’ici 2030 donc pour voir son effectivité. Donc c’est quelque chose qu’il faut aussi suivre. Peut-être qu’à ce moment on ne sera plus là. Les autres femmes vont continuer à se mobiliser autour du réseau que nous avons créé.