L’importance de l’artisanat au Sénégal

Pour comprendre les objectifs de notre projet au Sénégal, il faut d’abord comprendre l’importance sociale et économique de l’artisanat et donc du maître artisan au Sénégal.

« Le maître artisan, confie l’un d’entre eux, Lat Deguene Faye, installé à Guiedawaye dans la banlieue de Dakar, a une tâche de formateur et d’éducateur. Il prend le relai des parents dans l’éducation de l’apprenti. Quand ils nous confient leurs enfants, ils ne payent pas d’inscription comme dans un centre de formation classique, ça devient une affaire de famille. La plupart du temps, ce sont des enfants qui ont eu des problèmes à l’école. Et nous, maîtres artisans, nous amenons dans la société des jeunes dont on pensait qu’ils n’arriveraient à rien et ça nous réussissons à le faire.  »
C’est ce que confirme Cumba Tine, transformatrice artisanale de fruits et légumes : « Dans ce quartier, la vie est assez difficile, l’artisanat permet aux jeunes, surtout aux jeunes filles, de rester dans le droit chemin. »

Une alternative réelle à l’échec scolaire

L’artisanat est considéré comme une des alternatives à l’échec scolaire : « Sans lui, insiste Mamadou Diongue, un des animateurs du projet, beaucoup se retrouveraient sans rien à faire. » C’est un secteur économique qui représente entre 8% et 10% de la population active au Sénégal, tout en participant à 9% du PIB national. « La jeunesse il faut l’occuper, assure Birame Ndiemé Ndao de l’ONG Pastef, un des partenaires du projet. On a même eu des gens, pendant le projet, qui avaient le baccalauréat mais qui se sont reconvertis dans l’artisanat. » Du fait de ressources publiques limitées, les établissements officiels de formation professionnelle sont incapables de répondre à la demande et souvent l’offre s’avère inadaptée.


Momar Sall, maître artisan à Grand Yoff, en banlieue de Dakar

La pression sur le secteur de l’artisanat est donc très forte, avec près de 100 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail chaque année au Sénégal. À Gounass, commune de 85 000 habitants en bordure de Dakar, le maire-adjoint Abdou Rahmane Kane témoigne : « L’artisanat est très important dans cette ville qui est la plus pauvre des communes de Dakar. La plupart des gens ne vivent que de ça, les habitants n’ont pas d’infrastructures. Le taux de déperdition scolaire est très fort et quand les enfants sortent, très tôt, de l’école, leur seule alternative est d’intégrer un atelier de formation artisanale. C’est aussi important économiquement, la commune tire essentiellement ses recettes de ce secteur. »