« J’ai ouvert mon atelier en 1986. Depuis cette date, ce sont plus de 50 jeunes, artisans et maîtres artisans que j’ai formés, ici à Thiès. Cela fait longtemps que je connais la Kora, au moins depuis 2003, ils faisaient de la formation en menuiserie bois. ils se sont diversifiés en touchant les autres corps de métiers. J’ai entendu parler d’eux à la radio quand ils se sont adressés aux “métalliers”. on a eu une 1ère réunion d’information. C’était très participatif. » Bada Ndieguen s’implique dans le projet comme formateur, avec son binôme, Mme Sow, salariée de la chambre de commerce de Thiès. C’est la particularité de ce projet : la formation en entrepreneuriat et gestion des ateliers a été donnée aux artisans par un duo ingénieur pédagogique/maître artisan (comment coupler la connaissance pratique de l’artisan avec celui plus technique de l’ingénieur en pédagogie).
« Les réactions ont été rapides, dit Bada Ndieguen, notamment quand on a formé les artisans sur les bonnes pratiques, on a changé leur comportement. Faire le policier dans son atelier, ça ne marche pas, il faut impliquer les apprentis. Très rapidement, de retour dans leurs ateliers, les chefs d’ateliers ont commencé par exemple à aller acheter du thé et à avoir de meilleures relations avec tout le monde. »
Un des apprentis de Bada Ndieguen dan son atelier
Si on nous met ensemble avec les administratifs, on va défendre nos idées
Les rencontres « pluri-acteurs » sont l’autre grande nouveauté de ce projet. Organisées plusieurs fois au niveau régional et national, elles ont pour but de faire dialoguer les acteurs de l’artisanat (artisans, formateurs, autorités publiques, associations) pour que chacun avances ses idées. « C’est une démarche de sagesse. Pour qu’on aille dans le sens du développement, il faut qu’on puisse échanger, communiquer. On n’a pas fait les grandes écoles nous, eux ce sont des intellectuels. Moi j’ai beaucoup d’idées, dans la formation, sur le plan social. on a créé beaucoup de choses. et si on nous met ensemble avec eux, on va défendre nos idées. Et après deux, trois réunions, les “administratifs” ont commencé à nous comprendre. Ils savent qu’on a quelque chose dans la tête. On ne peut pas aller tout le temps en réunion, nous. Mais maintenant avec le “pluriacteurs”, on échange, on est au courant des mesures que met en place l’état au niveau de l’artisanat. »
Il souligne le rôle de Mamadou Diongue, l’animateur du projet : « Il connaît presque tous les artisans de Thiès, il discute avec tout le monde. » et de conclure : « le projet a franchi un palier avec le “pluri-acteurs”. Les artisans manquent d’interlocuteurs au Sénégal, et si tu ne fais pas de politique, tu ne seras pas entendu. »