Une activité génératrice de revenus
Suite aux formations, les participantes n’ont qu’une hâte, celle de générer des revenus de leur propre main pour subvenir aux besoins de leur famille.
Mariam Omari explique : « Je réalise 3 à 4 commandes de pièces à teindre par semaine pour au total 18 à 21 dollars(env. 17 €). Cet argent je le dépense avant tout pour ma famille, comme acheter de la nourriture ou scolariser mes enfants. »
Bora Furahaest même allée plus loin. Son atelier de broderie accueille désormais 2 employées et 4 jeunes apprenties. « J’ai moi-même réussi car j’ai été aidée par les formations, qui ont eu une grande place dans ma vie. Alors je veux aider ces jeunes à mon tour, ça fait du bien. »
Des droits revendiqués et appliqués
Thérèse Nanjuchi vient de participer aux formations :« Mon mari m’a abandonnée du jour au lendemain avec mes 5 enfants sans rien me donner ; le quotidien est compliqué. […] Aujourd’hui, je ne pleure plus et je me sens soulagée. Je me sens comme dans une famille ici à l’Apef, avec les apprenantes et les formatrices, elles donnent de l’amour et de l’affection. »
Et au-delà : « Grâce aux formations j’ai appris mes droits. J’ai contacté la police judiciaire pour qu’elle oblige mon ancien mari à payer l’école de nos enfants. Avant je ne savais pas que tout ça était possible !
L’amélioration des relations entre hommes et femmes
Quels effets des formations au sein du huis clos familial ? Adel Mbaluku, apprenante en broderie raconte : « Pendant les formations, mon mari m’a donné l’argent pour les transports et s’est organisé pour les tâches de la maison avec les enfants. Aujourd’hui il ne va plus traîner dans la rue toute la journée, il attend que je rentre à la maison. Nos relations sont mieux, ça a réuni toute la famille. »
Régine Lukungula, elle, se sent libérée. « Je n’ai plus peur. J’ai confiance en moi, j’ose parler et faire des choses. Vous voyez, quand on a la connaissance on a la parole. »
Salama Ndagano, teinturière, explique également :« Maintenant je peux parler à mon mari. Il a aussi compris qu’une femme pouvait faire quelque chose et il me respecte beaucoup plus. »
À Bukavu, les femmes enfin reconnues
Pour Amina Datch, teinturière, « le changement est local. Nous pouvons désormais travailler et rester vivre ici, dit-elle, sans devoir traverser les zones d’insécurité et de banditisme en-dehors de Bukavu. »
Les travailleuses du textile sont aujourd’hui reconnues pour la qualité des produits qu’elles confectionnent. Elles peuvent montrer le fruit de leur travail à leur entourage : elles habillent leur famille puis leur quartier et s’en trouvent valorisées.
Salama La Gagrisse, couturière, explique : « Il y a du changement. Avant il y avait des gens qui ne m’adressaient même pas la parole dans mon quartier. Maintenant ils me parlent. Leur considération c’est déjà grand chose ! »
Moza Abedi, elle, déclare : « Les formations et le regroupement de teinturières ont permis un pacte sur le plan social. Chrétiennes et musulmanes s’y sont connues. »
Enfin, Justin Makelele, responsable pédagogique de l’Apef conclut : « Avec tout cet ensemble de formations, nous donnons aux femmes des perspectives d’avenir. »