« Se lavi m’ap chèche » - Je cherche la vie
Les temps sont durs en Haïti. Le contexte politique, économique et social ne permet pas toujours aux paysans de se projeter dans un futur qui semble trop incertain. Par la force des choses, la priorité est bien souvent de s’assurer un confort minimum pour les prochains jours et les prochaines semaines. Dans ce contexte compliqué, le projet de Frères des Hommes et du MPP est d’encourager la création de groupements pour qu’ensemble, les paysans prennent en main leur développement. Mais s’ils font toutes les démarches pour se rassembler, s’organiser et mener des travaux ensemble, les paysans se heurtent parfois à des résultats économiques qui se font attendre, une partie d’entre eux abandonne alors. En parallèle, comme l’explique Jean, agro-écologiste, d’autres facteurs amènent quelquefois les paysans à quitter les groupements : « Tout allait bien et on avait des résultats positifs par rapport à nos activités agricoles. Mais un jour, des tractations politiques ont été menées par les leaders locaux pour attirer à eux les membres de nos groupements. Ils sont venus avec de l’argent. Les gens ont beaucoup de problèmes, alors les membres se sont petit à petit retirés. Pourtant, aujourd’hui encore, ils peuvent se rendre compte que tout ce qu’on a fait était utile. » Comment lutter contre l’abandon et renforcer les groupements, la solidarité et les échanges entre paysans ? Telle était la question au cœur des discussions de l’atelier de décembre.
Trois membres du groupement "Coeur Ensemble", formé par le MPP et un des plus actifs
« Chak pwolèm gen solusyon » - À tout problème une solution
Devant le problème de démobilisation, beaucoup disent se sentir démunis. C’est à ce moment-là que certains participants à l’atelier prennent la parole pour témoigner de leurs réussites et essayer d’apporter des solutions à leurs collègues en difficulté. Un des animateurs partage à l’assemblée qu’il a réussi à remobiliser son groupement après une période creuse. Un autre témoigne : « Après ma formation, j’ai réussi à former un groupement qui repose sur la solidarité ! » puis un autre : « Depuis la formation, j’ai la sensation que je pourrais tout faire, tout produire, j’ai l’impression de comprendre la terre et de comment bien faire de l’agriculture. » Des idées émergent de ces échanges : pourquoi ne pas valoriser les pratiques d’animation en multipliant les formes (discours, récits, interventions à la radio ou lors de réunions communautaires…) pour défendre l’action collective et remobiliser la population ? Une autre idée serait aussi de construire un module (de formation) sur le monde rural pour apporter des clés de compréhension aux paysans et construire une stratégie collective.
C’est bien là un projet qui repose sur les agro-écologistes et les animateurs : ils sont non seulement les portes paroles des valeurs du MPP, mais aussi les techniciens qui permettent la réalisation concrète de cette vision sur le terrain. L’atelier de décembre a permis de souligner « la reconnaissance de la communauté devant l’impact positif de nos actions ». De quoi redonner espoir aux quelques démotivés, et avancer toujours plus loin, collectivement.