Au Rwanda, notre projet Recasé, pour « Renforcement des capacités socio-économiques » des paysannes et paysans vulnérables de 8 secteurs de la province Sud du Rwanda a fait le pari du collectif. Pour rendre visibles et audibles les préoccupations des populations paysannes, le projet a permis à des organisations communautaires de base (OCB) de se former et de se structurer. Les OCB sont des assemblées paysannes formées sur base du volontariat, elles ont notamment pour objectif de représenter la parole paysanne dans l’espace public, et d’apparaître comme des organisations reconnues et référentes pour le développement de leur territoire.
Pour répondre à cet enjeu de reconnaissance, les OCB mènent des « actions concertées » en collaboration avec d’autres acteurs du territoire : les autorités locales, les écoles, les voisins non-membres des organisations par exemple. Le but est d’associer les compétences de chacun pour concrètement améliorer le quotidien des paysannes et paysans. Qu’elles soient impliquées ou non dans les organisations communautaires de base, les populations peuvent bénéficier de ces actions.
À la fin de l’année 2019, des réflexions se sont initiées sur la nécessité d’agir face au constat criant du mal-logement et du manque d’hygiène au sein de nombreuses habitations. Odile Mujawamariya, nutritionniste et formatrice en hygiène et nutrition pour le projet Recasé a animé des ateliers de sensibilisation sur la nécessité de maintenir une hygiène de vie capable de prévenir de certaines maladies encore trop courantes, comme elle l’explique : « Au début de la première phase du projet on avait fait une enquête socio-économique et on a remarqué que surtout dans les ménages vulnérables il avait des problèmes constants liés à l’hygiène avec le développement de maladies diarrhéiques. »
Conscients de la nécessité d’agir et de réunir leurs forces pour solutionner la situation, les membres des OCB ont fait murir l’idée d’actions concertées portant sur cette question. Ces actions ont consisté en des travaux collectifs réalisés chez les personnes identifiées comme en ayant le plus besoin. L’une d’elle, mère de 5 enfants vivant à Nyabimata témoigne : « Si je n’avais pas eu l’appui des actions collectives, je n’aurais pas pu continuer de vivre ici, ma maison allait s’effondrer. ». À Nyagisozi, le même constat était dressé par un couple parent de 6 enfants : « À cause de la pluie, le bois était très abimé, la toiture n’était pas en bon état. »
Activité collective de crépissage
Les autorités locales ont été mobilisées par les OCB pour identifier les logements dans lesquelles l’intervention semblait prioritaire, tandis que les OCB convoquaient leurs membres pour construire une chaine de solidarité bénéfique à tous. Celui que l’on soutien souhaite rendre la pareille aux personnes qui lui ont prêté main forte, comme l’indique la mère de 5 enfants de Nyabimata : « Comme j’ai vu que tout le monde était venu m’aider ici, je suis aussi allée participer aux autres travaux. » Le couple de Nyagisozi confirme cet état d’esprit : « On a refait la toiture et maintenant la pluie ne rentre plus. On a également posé des fenêtres, fait du crépissage et construit des toilettes. A la suite de ça, on est motivés et convaincus qu’on peut donner de notre temps pour contribuer à résoudre les problèmes des autres ! »
Ces premières actions collectives et concertées ont confirmé qu’un l’élan de solidarité résultait concrètement en de réelles améliorations des conditions de vie des paysans vulnérables. Dans les prochains mois et jusqu’en 2023, ce sont 11 nouvelles actions qui seront impulsées par les OCB, et accompagnées par d’autres acteurs locaux, pour construire ensemble un avenir meilleur.