Une des caractéristiques du Sénégal est sa population extrêmement jeune (63,4% des sénégalais ont moins de 25 ans). Ce sont chaque année près de 100 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail, lequel peine de plus en plus à absorber cette main-d’œuvre. Le secteur informel (non déclaré officiellement) est une porte d’entrée majeure sur ce marché du travail. Il représente 90 à 95% de la population active. Dans cette équation, l’artisanat joue un rôle social important car il « absorbe » la main-d’œuvre, jeune en particulier. Il est le second employeur des jeunes sénégalais après l’agriculture. Mais devenir artisan se heurte au problème de la formation : les moyens de l’Etat sénégalais étant très limitées, les établissements de formation professionnelle formels sont incapables de répondre à la demande de formation et leur offre s’avère souvent inadaptée pour permettre de décrocher un emploi stable. Les ateliers artisanaux offrent donc aux jeunes ce que le système éducatif formel ne leur offre pas : un apprentissage de terrain adapté aux besoins des producteurs et des opportunités de travail futur, mais encore peu structuré.
Améliorer la formation des artisans (avec l’aide de tous)
Frères des Hommes et la Kora PRD ont mis en place dès 2009 un dispositif de formation complémentaire pour les futurs artisans-menuisiers. Malgré des formations développées dans 13 régions du Sénégal et même si la Direction de l’Apprentissage et celle de l’Artisanat ont reconnu le dispositif, celui-ci n’a pas été certifié par les pouvoirs publics et reste une initiative parmi tant d’autres. Car depuis plusieurs années, de nombreuses initiatives formelles ou informelles, publiques ou privées sont développées au Sénégal pour rénover la formation professionnelle. Mais ces initiatives sont souvent isolées et ne permettent pas d’en faire bénéficier le plus grand nombre.
Le nouveau projet cherche à rassembler tous les acteurs concernés par l’artisanat - privés (centres de formation, acteurs de production, organisations professionnelles et associations) - et publics (centres de formation, chambres des métiers et de l’artisanat, collectivités locales). C’est en discutant, en partageant les pratiques, les expériences que seront être portées des propositions construites collectivement auprès de l’Etat sénégalais. Autre objectif : grâce à ce travail en commun, il s’agit de renforcer, équiper, outiller les différents ateliers en méthodes et outils de formation pour mieux accueillir les futurs artisans.
Ce sont les régions de Dakar, Thiès et Diourbel, qui sont visés par le projet : des territoires urbains ou semi-urbains où les besoins et les enjeux de formation et d’insertion des jeunes sont nombreux. Trois régions où les ateliers d’artisans sont les plus nombreux au Sénégal.