Peux-tu nous parler du contexte des élections présidentielles du Sénégal ?
Parmi les cinq candidats, il y en a effectivement certains qui ont une longue expérience, ils militent depuis les années 80. Deux sont nouveaux. Si on prend le cas d’Ousmane Sanko , c’est en 2017 qu’il a créé son parti. Il est très populaire parce qu’il est soutenu par la jeunesse et la jeunesse est vraiment une frange importante de l’électorat, pourvu que les jeunes puissent recevoir leurs cartes d’électeur, parce que la majeure partie ne l’a toujours pas reçue.
Issa Sally est proche des religieux…c’est un nouveau lui-aussi, on ne le connait pas dans la politique. Sur 5 candidats, 3 ont été ministres. Maintenant, les cartes sont en train d’être redistribuées. Il y avait à la base 27 candidats. 22 ont été recalés parce qu’on a introduit dans le système électoral du Sénégal ce qu’on appelle le parrainage citoyen, ce qui a été très difficile parce que l’on demande à chaque candidat d’avoir au moins 8% de parrains sur l’ensemble des inscrits sur les listes électorales. Tu dois avoir un nombre considérable de signatures sur 7 régions différentes. Cela a été très difficile pour certains candidats qui n’ont pas pu rassembler, et il y a deux candidats très populaires dont la candidature a été rejetée car ils ont eu des soucis avec cette nouvelle pratique.
Par rapport à l’objet de l’UGPM, l’agroécologie, l’émancipation des communautés agricoles, est-ce que cette campagne présidentielle prend en compte ces problématiques ? est-ce que certains candidats répondent à la vision de l’UGPM ?
Pas du tout. Mais la société civile et le mouvement paysan sénégalais sont en train de réfléchir à mettre en place une plateforme pour auditionner les candidats et voir ce qu’ils peuvent faire pour les paysans et quelles politiques ils vont mettre en place pour la paysannerie et le milieu rural. Pour le candidat sortant, on sait déjà. Parce que lui, dans toutes ses politiques, en réalité, il n’a pas travaillé pour le monde rural. Il a entamé une réforme foncière depuis 2016 sur laquelle nous nous sommes beaucoup mobilisés. Ce document de politique foncière est là, il existe, mais depuis 2016 Macky Sall n’a pas parlé de ce document. Il n’a pas la volonté de faire avancer cette réforme alors que c’était une volonté des organisations paysannes. On se rend compte qu’il n’a pas encore fourni beaucoup d’effort envers le monde agricole alors que les paysans gens n’arrivent même pas à commercialiser leurs récoltes.
Mais parmi les autres candidats, aucun n’a proposé des actions concrètes pour le monde rural. Mais cela aussi, c’est lié au fait que la majeure partie des candidats n’ont plus de liens avec le monde rural, ils ne savent plus ce qui s’y passe. C’est le problème que nous, paysans, avons actuellement. Le combat des organisations paysannes doit être que le prochain président ait une connaissance approfondi des difficultés du monde rural.
Avez-vous le sentiment que durant cette période d’élection vous pouvez faire entendre votre cause plus que d’habitude et que prévoyez-vous une fois l’élection terminée pour mettre en avant les causes que vous défendez ?
L’UGPM est membre du mouvement paysan sénégalais. Nous sommes une petite organisation locale. Il est un peu difficile de porter la voix de l’UGPM au niveau national. On essaye d’alimenter l’argumentaire des fédérations, pour qu’on puisse défendre nos intérêts. C’est ce que nous sommes en train de faire, essayer d’alimenter cet argumentaire au niveau national. Il y a beaucoup d’organisations qui sont membres de ces fédérations. Il faut fédérer nos synergies pour se faire entendre. C’est un élément important. Au niveau local, ce qu’on essaye de faire, c’est de construire un plaidoyer et de le développer au niveau de nos autorités. Les élections locales vont arriver et c’est à ce moment-là qu’on nous rentrerons en action.