Faire entendre les paysans sénégalais

« A part une courte période après la Seconde Guerre mondiale, jamais les paysans sénégalais n’ont bénéficié d’une situation positive. » Voilà comment Ndiakhate Fall, directeur de l’Union des groupements paysans de Méckhé (l’UGPM, à 3h de voiture au nord-est de Dakar) résume le contexte rural sénégalais. « En 1962, l’Etat a pris en main la gestion de la culture de l’arachide pour ne plus la laisser aux négociants, l’espoir était là. » Puis il s’est peu à peu désintéressé de l’arachide, notamment sous la pression du FMI et de la Banque mondiale : « Avec moins d’Etat faisons mieux, voilà quel était leur slogan.  » Ndiakhate Fall ajoute que « l’Etat sénégalais essaie de faire des efforts mais sans concertation avec le monde paysan. » Surtout, il subventionne ce qu’il appelle des « produits à haute valeur ajoutée », par exemple les haricots ou les mangues, destinés à être exportés, « mais pas des produits comme le mil, qui fait pourtant vivre énormément de paysans. »

A l’occasion de l’élection présidentielle au Sénégal, l’UGPM est allé interpeller les candidats pour que la voix des paysans soit entendue dans leur programmes : lutte contre l’accaparement de terres, politiques nationales adaptées et défense de l’agriculture familiale.