Quel était le but de cette mission ?
C.K : Il y avait trois objectifs à cette mission. Le premier, c’était de questionner et de clarifier la stratégie de l’Apef sur le genre, c’est-à-dire sur les rapports d’inégalités hommes-femmes. Ça a été fait notamment avec Manon de Batik. Le deuxième objectif, c’était toujours de parler de la stratégie de l’Apef, mais cette fois autour de la structuration en collectif des apprenantes. Et enfin, là où je suis intervenue plus particulièrement, c’était dans la définition d’un plan d’action pour la structuration en collectif : c’est-à-dire utiliser tout ce que l’on s’est dit pour décider ensemble d’activités à mettre en place pour la suite du projet.
Justement, quel a été l’apport de Manon de l’ONG Batik ?
C.K : Batik est une organisation spécialisé dans le genre, qui mène avec ses partenaires au Maghreb, au Vietnam et aussi en France des projets tournés vers l’émancipation individuelle et collective des femmes. Pendant notre mission, par des petits jeux et des apports théoriques, Manon a expliqué le concept du genre : Qu’est-ce que le genre ? Qu’est-ce qui distingue l’approche femme et l’approche genre dans le développement ? Elle a aussi partagé des outils par exemple pour réfléchir à la répartition des tâches au sein du foyer ou sur les différentes dimensions de l’émancipation.
A.N : Ces ateliers sur le thème du genre ont permis à l’équipe de l’Apef de se rendre compte qu’elle travaille beaucoup sur la dimension du pouvoir économique et sur les savoirs à travers les formations techniques, mais que tout ce qui concerne la prise de décision des femmes, les rapports hommes-femmes etc, était plus flou. Nunu Salufa, la directrice de l’Apef, a compris que pour être davantage dans une approche genre, il fallait modifier l’accompagnement même des femmes. Je crois que c’est une volonté partagée par toute l’équipe.
En quoi est-ce que la dimension collective est importante dans ce projet ?
A.N : La structuration des femmes en collectifs est perçue par l’Apef comme un moyen pour continuer à accompagner les femmes dans leur émancipation. En sortant de leur formation, elles ont acquis des compétences, mais l’Apef va aussi les aider dans leur installation. Si cette mission intervient un an après le démarrage, c’est qu’au début du projet, le gros enjeu était de travailler sur des parcours de formation, les cours et les méthodes. Maintenant, à partir de ces bases, les enjeux de réunir les femmes une fois les formations terminées ont été soulignés.
Vous avez travaillé à caractériser les femmes qui viennent se former à l’Apef, qu’en est-il ?
C.K : Pendant cette mission, on a mené un atelier où l’objectif était de décrire le profil et la situation des apprenantes, avant qu’elles ne suivent leur formation. En quelques mots, avant qu’elles ne viennent se former, ce sont des femmes vulnérables, beaucoup de filles mères qui vivent chez leurs parents. La plupart ont un niveau d’étude primaire, elles n’ont jamais travaillé, et manquent souvent de considération par leur famille. Elles vivent en majorité en périphérie de Bukavu, sans revenu. Par ailleurs, il est ressorti qu’elles n’ont jamais suivi de formation.