► Agricultrice
► 39 ans, mariée et 4 garçons
► Née dans la localité de Terre Cassée, commune de Hinche, où elle vit toujours
Alta, peux-tu nous parler de ce que tu fais pour vivre ?
Moi je vis de la terre, je suis agricultrice. J’ai des terres qui ne sont pas concentrées dans un même espace : j’ai ½ kawo (1kawo = 1,2 ha [ndlr]) d’un côté et un autre ½ ailleurs. Et aussi un petit peu d’espace là où j’habite.
Et que fait ton mari ?
Il est maçon, mais c’est aléatoire le travail, la demande. Donc, lui aussi, il travaille la terre pour vivre.
Tu fais partie des 25 paysans qui ont récemment suivi la formation en agroécologie du MPP. Pourquoi avoir choisi de participer à cette formation ?
Je travaille la terre, mais je n’ai pas les connaissances techniques pour mieux travailler la terre. Parfois, je dois emprunter de l’argent et c’est très difficile pour tout rembourser parce que je n’arrive pas toujours à récolter ce que j’espère. Donc, je voulais cette formation pour avoir plus de techniques et prendre moins de risques lorsque je me lance dans les activités agricoles.
Est-ce que tu pourrais me dire comment tu as vécu cette formation de 10 mois ?
A chaque fois je devais laisser mon mari et mes enfants pour participer aux 15 jours de formation, alors ce n’était pas toujours facile. Je suis le chef de famille, je me débrouille toujours pour que l’on ait de quoi manger, donc sans moi, ma famille avait un peu peur. Mais je leur ai dit que c’était important que je fasse cette formation pour améliorer les choses pour nous après.
Maintenant que la formation est finie, quel bilan tu ferais ?
Je suis contente de la formation, la seule chose que je dirais c’est que si on pouvait continuer je serais partante ! Par exemple, il y a des modules, comme la comptabilité et la gestion d’une exploitation, ça serait super si on pouvait avoir plus de temps. Tu vois, on a fait l’évaluation mais beaucoup d’entre nous n’avons pas eu de gros résultats car le temps était court.
Et tes souvenirs forts de cette formation ?
Pour moi je dirais, l’un des moments vraiment fort, c’est le souvenir que j’ai du premier mois. Tu vois au début, on ne se connaissait pas. Rapidement, on s’est découvert. Par contre, au moment de la séparation, ça a été très dur. Nous venons de localités différentes et nous ne pourrons pas nous revoir facilement.
Est-ce que tu as changé certaines habitudes par rapport à ce que tu as appris ?
C’est surtout sur la production maraichère, car j’avais commencé dans ça. J’avais l’habitude d’utiliser un peu des produits chimiques. Je ne connaissais pas les dégâts et dangers des produits chimiques pour la terre, pour la planète. Aujourd’hui, je n’utilise plus ces produits.
Pour finir, est-ce que tu pourrais nous dire ce que l’agroécologie veut dire pour toi ?
Pour moi, ça veut dire, revenir au modèle agricole de nos parents. Parce qu’ils n’avaient pas l’habitude d’utiliser des choses industrielles, c’était plus simple, plus sain. Nous devons protéger l’environnement, les arbres, encourager les gens à planter des arbres. Pour moi, en fait, ça veut dire protéger la biodiversité en faisant son travail de paysan.
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