► Paysan agroécologiste
► 31 ans, célibataire et sans enfant
► Originaire de Carré Savane , commune de Hinche, où il vit toujours.
Pierre, tu fais partie des 25 paysans qui ont récemment suivi la formation en agroécologie du MPP. Pourrais m’expliquer pourquoi tu as voulu participer à cette formation ?
Pour moi, la formation en agroécologie permet de multiplier ta capacité de travail. Jusqu’ici je travaillais sans avoir de formation, n’importe comment, mais grâce à cette formation, je travaille mieux.
Et comment s’est passée la formation ?
Pour moi, c’était formidable. Parce que les formateurs sont très compétents, ils savent vraiment bien présenter leurs cours. Et nous les étudiants, ils nous aident à bien comprendre.
Qu’est-ce qui t’a plu particulièrement ?
L’élevage et la production de plantules ont été les modules les plus importants pour moi. Par exemple, j’avais déjà commencé l’élevage des chèvres et des poules avant la formation. Mais j’avais l’habitude de leur donner n’importe quoi à manger et de mettre leur nourriture n’importe où. Le problème, c’est qu’elles s’éloignaient de la maison et que des prédateurs pouvaient les attraper. Mais depuis la formation en agroécologie, je connais toutes les nourritures nécessaires pour les chèvres, les poules et les autres animaux et je sais comment les nourrir. Maintenant elles restent là, près de la maison, parce qu’elles trouvent la nourriture. Elles ne veulent pas aller loin.
Et qu’est-ce qui a changé d’autre par rapport à ce que tu as appris ?
Dès le début de la formation, j’ai commencé à changer mon mode de travail. Maintenant je sais mettre mes terres en captif, pour m’assurer de la capacité productive de mes terres. Depuis que j’ai participé à la formation, j’ai appris des choses qui m’intéressent beaucoup au sujet des rampes de pailles, du façonnage, du clayonnage (techniques utilisées en agriculture [ndlr]) et d’autres sujets. A partir de ces connaissances, je peux mieux travailler.
As-tu commencé à partager tes connaissances avec ton voisinage ?
Pendant la formation, on m’a demandé de former une « brigade » (groupe d’une dizaine de paysans [ndlr]). Avec les bases que j’ai acquises, je fais des formations avec un groupe de 15 personnes. Ensemble, nous travaillons la terre, nous faisons des cerclages, nous faisons du façonnage et du clayonnage aussi. Chaque jour nous faisons une chose : si aujourd’hui, je travaille pour moi, demain c’est pour une autre personne.
Donc le bilan de cette formation est assez positif ?
Oui vraiment. Tu sais, avant, j’avais l’idée d’aller à Saint Domingue pour trouver du travail. Mais grâce à cette formation, je peux rester chez moi. Si j’ai les moyens en main, je peux travailler et prendre soin de ma famille.
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