Haïti :
L’état d’urgence est déclaré dans le pays depuis 1 mois et demi. Il a été prolongé (sans prise de parole officielle) jusqu’au 19 mai. Deux cas positifs et un décès supplémentaires ont été recensés depuis la semaine dernière. Ce qui a fait dire au premier ministre Joseph Joute que le pays avait mieux géré la crise que les pays les plus riches. Pourtant il semble que l’épidémie n’en soit qu’à ses prémices avec des prévisions pessimistes sur la suite de la propagation. Les aides financières aux enseignants et aux familles, la distribution de la nourriture pour les populations vulnérables promises il y a un mois par le gouvernement n’ont pas été honorées. Après un an et demi de crise économique et sociale, l’Etat n’en a pas les moyens. Beaucoup de personnes circulent encore dans les rues. Tributaires d’une activité journalière dans l’économie informelle, elles n’ont pas le choix. Une manifestation de commerçantes du marché de Pétion-ville, dans la banlieue de Port au Prince, a même eu lieu après la décision de faire fonctionner les marchés seulement trois jours par semaine.
Inde :
Dans l’état du Karnataka le confinement a été allégé selon différentes zones classées par couleur, rouge, orange et vert. Dans les zones orange et vertes, la population n’est plus confinée et les magasins peuvent ouvrir. Bangalore et les villes de Bidar et Bijapur, où intervient Fedina (notre partenaire), restent toujours en zone rouge. La population y est toujours confinée et seuls les magasins d’alimentation peuvent opérer entre 6h du matin et 13h. Bangalore est une des zones les plus touchées par le virus avec 523 cas et 20 décès. Le nombre de travailleurs qui manquent de produits de première nécessité ne cesse d’augmenter. Le mois touche à sa fin et la pratique du crédit dans les magasins de quartier ne fonctionne plus. Le gouvernement communique sur sa bonne gestion de la crise, parlant d’une exception indienne et commence à desserrer le confinement (en place jusqu’au 3 mai) un peu partout dans le pays. Pourtant plusieurs scientifiques indiens estiment que la contagion va s’envoler dans les trois prochaines semaines. Le virus pourrait toucher 244 000 personnes contre 30 000 actuellement.
Certains groupes de femmes habituellement accompagnés par Fedina ont organisé des distributions de nourriture dans plusieurs bidonvilles. L’équipe essaye de coordonner ces actions, qui se multiplient peu à peu. La fabrication de masque par les collectifs d’employés de maison, initiée par Fedina, se poursuit et bénéficie en priorité aux membres d’Aikyata, (collectif qui regroupe des femmes retraitées, anciennes employées de maison ou ouvrières du textile).
Sénégal :
Un cas positif a été signalé dans la ville de Tivaouane, proche de Méckhé. Mais la zone du Cayor est pour le moment épargnée. Le blocage des transports a comme conséquence de rendre difficile le retrait des salaires dans les banques de Thiès, la ville voisine, que ce soit pour les salariés de l’Union des Groupements Paysans de Meckhé (notre partenaire) ou les enseignants. Comme en France et dans d’autres pays, la population n’ose plus se rendre à l’hôpital, les médecins ont été contraints d’alerter les Sénégalais pour que ceux qui doivent être soignés se signalent. Le pays a déclaré 882 cas de Covid-19 (50% en plus par rapport à la semaine dernière) et neuf décès. Le pays envisage une reprise partielle des classes début juin. L’aide alimentaire a été lancée dans une commune de Dakar et doit en théorie toucher l’ensemble du pays dans un mois. Une crainte existe sur la transparence et l’équité de cette distribution. L’UGPM réfléchit à des stratégies d’appui aux paysans (vivres aux groupements, greniers de prévoyance). La prochaine campagne hivernale est dans les esprits, les paysans auront besoin d’intrants et de semences, pour le mil particulièrement. L’accès aux semences est au cœur de la stratégie de l’UGPM ainsi que des collectifs de défense des droits des paysans au Sénégal.
RDC :
La barre des 500 cas positifs a été franchie dans le pays. Bukavu a enregistré 3 cas cette semaine, aucun décès. Si la mise en quarantaine de la ville a été levée (elle était isolée du reste de la province depuis le début de la crise), l’état d’urgence sanitaire a été prolongé. Les mesures de prévention/protection restent donc en place : port du masque, fermeture des écoles, universités, restaurant ou églises. Les réunions de plus de 20 personnes sont interdites. Toutes ces mesures ont des conséquences socio-économiques graves en particulier sur les femmes. Sans contact avec la province du Sud-Kivu, Bukavu commence à manquer de denrées alimentaires. Plusieurs familles qui vivent au jour le jour et sans moyens financiers, se retrouvent dans des situations d’insécurité alimentaire. Les prix dans les marchés et les transports augmentent, ceux des masques aussi. A la crise sanitaire sont venues s’ajouter les conséquences des inondations dans la ville d’Uvira, non loin de Bukavu, qui ont entrainé la mort de 53 personnes et la destruction des maisons de 3 100 personnes.
Rwanda :
Après six semaines de confinement strict, le gouvernement a annoncé un déconfinement partiel du pays. La population pourra se déplacer librement de 5h du matin à 20h et aura besoin en soirée d’une autorisation. Les hôtels et restaurants seront également autorisés à fonctionner, mais devront fermer à 19h. Les règles de distanciation sociale et du port de masque restent en vigueur. Les frontières du pays demeurent fermées et les rassemblements de masse interdits.
Pérou :
Le confinement a été prolongé jusqu’au 10 mai. Le nombre de cas positifs a augmenté de façon importante dans le pays, passant de 20 000 la semaine dernière à 31 000 pour 875 décès, quasiment le double de la semaine dernière. San Juan de Lurigancho reste le district de Lima le plus touché. L’aide promise par l’Etat de 200€ par mois n’y arrive qu’au compte-goutte. Dans le quartier de Virgen del Carmen, seuls 15 habitants sur 600 habitants avaient par exemple reçu cette aide. La police a été durement touchée par l’épidémie, faute d’un équipement de protection adéquat. Cette situation a entrainé la démission du ministre de l’intérieur cette semaine. Dans les prisons la situation est aussi très tendue, une mutinerie a eu lieu dans une prison du nord de Lima faisant 9 morts. Cenca a mis en place une nouvelle distribution de 100 paniers alimentaires. 600 familles étaient inscrites sur une liste d’attente. Faute de fonds, la distribution n’a pu être possible que pour une centaine d’entre elles. Toute l’équipe de Cenca a repris le travail, à distance. Il est peu probable qu’elle retourne au siège dès le 10 mai.