Covid-19 : La situation chez nos partenaires (au 28 avril)

Haïti :

L’état d’urgence se poursuit dans le pays avec l’application d’un couvre-feu de 20h à 5h du matin, la fermeture des écoles, l’interdiction de toute réunion de plus de 10 personnes et l’obligation pour les transports de ne rouler qu’à moitié de leur capacité. 4 premiers décès dus au Covid ont été enregistrés la semaine dernière. Si la progression du virus est encore lente, les prévisions d’une accélération sont réelles et pessimistes. Le gouvernement a toutefois autorisé la réouverture des usines, notamment celles qui produisent des vêtements pour le marché américain. La situation est très différente entre le milieu rural et les villes. Il y a beaucoup de difficultés pour appliquer les gestes barrières dans celles qui sont densément peuplées comme Port au Prince ou Cap haïtien. En milieu rural, beaucoup moins dense, la vie des paysans a peu changé (même si les gestes barrière sont de plus en plus appliqués). Ils peuvent continuer à travailler. Les marchés ne sont pas limités. Le virus est un des problèmes des paysans mais pas forcément le principal. Le manque de pluie commence par exemple à être problématique alors que la période de plantation a débuté.
Le Mouvement paysan Papaye (MPP) - partenaire de Frères des Hommes - est très impliqué dans un travail de prévention et de sensibilisation. Il a réalisé des flyers pour informer les paysans sur les gestes barrières et le Covid. Les animateurs du MPP sont en train de mettre en place des groupes de prévention et des cellules de veille pour suivre le virus. Une fabrication de masques en tissu a été lancée. Est aussi en projet un spot radio de prévention. D’autres organisations haïtiennes ont choisi de fermer leurs bureaux. Le choix du MPP a été de continuer les actions en prenant le plus de précautions. C’est un symbole fort dans le Haut plateau central qui rassure la population, ce que ne fait pas l’Etat.

Inde :

La semaine dernière le gouvernement a autorisé certains secteurs agricoles (plantations, pêche...), la construction et certaines industries à reprendre le travail sous plusieurs conditions. Le confinement est en place jusqu’au 3 mai. Il a été assoupli dans les zones rurales et les États épargnés par l’épidémie. De nombreux cas de discrimination envers la communauté musulmane ont été rapportés, les autorités ferment les yeux ou parfois encouragent ce phénomène. Dans l’état du Karnataka, le nombre de contaminés et de décès augmentent mais lentement. Le confinement y a été allégé, les magasins ouvrent de nouveau entre 6h du matin et 13h. Les entreprises d’informatique et de biotechnologie ont aussi été rouvertes avec un nombre maximum d’employés autorisés à travailler. En conséquence, Bangalore a vu d’immenses embouteillages se former dans la ville. Les employées de maison que suit Fedina (notre partenaire) n’ont pas été rappelées par leurs employeurs, elles ont reçu leur salaire de mars mais ne toucheront sûrement rien en avril. Les agriculteurs sont aussi dans une situation critique, ils ne peuvent plus vendre leur production sur les marchés qui sont fermés. L’équipe de Fedina, même réduite, est en mesure de venir en aide aux populations qu’elle accompagne habituellement. Un système de pass réservé aux ONG leur permet de circuler dans la ville. Fedina a distribué des masques à 550 personnes âgées habitantes des bidonvilles, ainsi que du savon, du désinfectant et des médicaments. Un recensement des besoins et difficultés rencontrés par ces habitants va bientôt être lancé.

Sénégal :

Le pays a franchi la barre des 400 contaminés mais cela reste encore faible comparé aux autres pays africains. Toutefois les cas dits « communautaires » sont plus nombreux et inquiètent les autorités. Le couvre-feu est toujours en vigueur et les transports restent limités. Le port du masque est maintenant obligatoire dans le pays, mais il est difficile de respecter cette consigne en raison du prix élevé des masques et de leur manque de disponibilité. Les mesures prises par l’Etat ont de fortes conséquences économiques et sociales, les artisans ont dû par exemple cesser leurs activités. La réponse à cette situation a été l’apparition (ou la confirmation) d’un fort mouvement de solidarité entre Sénégalais, entre familles, entre villages.

RDC :

Si Kinshasa enregistre la très grande majorité des contaminations, les mesures de confinement imposées depuis le 4 avril dans le quartier d’affaires de la Gombe, épicentre de l’épidémie dans le pays, ont été levées partiellement mercredi. 359 cas ont été répertoriés au niveau national (254 la semaine dernière) pour 25 décès. Depuis une semaine, le port du masque est obligatoire à Bukavu mais aucun système coercitif n’est prévu.

Rwanda :

Le Rwanda a prolongé le confinement en vigueur dans le pays jusqu’au 30 avril. Les déplacements en zones rurales ne sont pas encore limités comme dans les villes. Le ministère de la Santé a annoncé, ce week-end, que le port du masque est désormais obligatoire dans les lieux publics ainsi que dans les foyers où plusieurs familles cohabitent. Le pays, en confinement total depuis le 22 mars dernier, compte à ce jour 147 cas de Covid (136 la semaine dernière) et n’a enregistré aucun décès.

Pérou :

Le nombre de cas positifs a doublé en neuf jours dans le pays pour dépasser 20 000. Le confinement a été prolongé jusqu’au 10 mai. San Juan de Lurigancho, où intervient notre partenaire Cenca est devenu le district de Lima le plus touché. Le gouvernement avait mis en place la semaine dernière une mesure qui autorisait les hommes à sortir les lundis, mardis et vendredis et les femmes les mardis, jeudis et samedis (avec interdiction de sortir dimanche pour tout le monde). Cette mesure n’a fait qu’empirer la situation car elle a créé des situations chaotiques dans les marchés et les supermarchés, faire les courses étant au Pérou une activité dont s’occupent les femmes. Au contraire les jours où les hommes étaient supposés sortir, ces mêmes marchés étaient vides. Le gouvernement est donc revenu sur sa décision et a limité les sorties à une personne par famille du lundi au samedi, sans distinction de genre. Le dimanche, les sorties restent interdites pour tout le monde. Dans les hôpitaux, le manque de blouses, de masques pour les médecins est important. Ceux-ci craignent d’aller dans les « sections Covid ». Le gouvernement autorise donc maintenant les médecins vénézuéliens à exercer pour venir en renfort, ce qui leur était interdit avant la crise. Comme en Inde, il y a un fort exode urbain : de nombreux habitants de Lima repartent à pied dans leur village. L’Etat va mettre en place des bus pour faciliter leur départ de Lima et un système de test pour éviter la propagation du virus.