C’est aussi une démarche que les partenaires de Frères des Hommes ont adoptée dans la conduite de leurs actions. Comme le dit Ahmadou Fall, un des coordinateurs de projet de la Kora PRD, « cette approche se détache un peu des logiques des nombres, du trop-plein de chiffres, des pourcentages d’exécution, etc., et se concentre sur les aspects qualitatifs. Autrement dit, elle permet de garder en vue les changements auxquels le projet contribue. »
"Poser des bases, d’entendre ce que les acteurs de la mutuelle souhaitent"
Un premier temps de travail de cette approche a eu lieu en 2015 avec la
plupart des acteurs de la mutuelle de Touba : maîtres artisans, apprentis, formateurs, représentants d’organisations professionnelles, représentantes de groupements féminins, représentants de collectivités locales et représentants de la Chambre des métiers. Animé par l’équipe de la Kora PRD en présence de Violaine Chantrel, responsable Ingénierie de formation chez Frères des Hommes, ce premier temps avait pour but de « poser des bases, d’entendre ce que les acteurs de la mutuelle souhaitent à long terme, ce qu’ils espèrent voir changer et à partir de ces souhaits de pouvoir évaluer ce changement.
Quel est le rôle social de la mutuelle sur le territoire ? Sans convier les acteurs de la mutuelle à répondre d’abord à cette question, on ne pouvait pas poser le cadre de référence, identifier les acteurs clefs ou les outils à mettre en place pour mesurer l’évolution. »
Violaine Chantrel, responsable Ingénierie de formation chez Frères des Hommes pendant
Le côté collectif et participatif est très important
Une fois par an, la Kora PRD rassemble ces mêmes acteurs et travaille, à partir des informations observées et collectées par eux durant l’année, sur l’évolution sociale de la mutuelle. Le côté collectif et participatif est très important dans cette approche. Comme l’explique Ahmadou, « elle permet aux artisans, organisations professionnelles d’artisans, groupements féminins, etc., d’adopter un autre regard vis-à-vis du projet de la mutuelle. Ce dernier ne se présente plus comme l’affaire de l’équipe du projet qui chercherait à satisfaire son agenda contracté avec ses partenaires. Il devient davantage un moyen, une solution d’une collectivité pour répondre efficacement aux besoins en termes de changements de comportements. L’utilité sociale du projet est davantage perçue par les différents acteurs. Ce changement de regard renforce l’appropriation du projet au plan local et donne des perspectives intéressantes pour sa durée. »
Lors de l’atelier organisé en 2015, une des questions posées aux différents acteurs était : Quelle est pour vous la mutuelle idéale en 2025 ? Les réponses ont toutes fait écho à une volonté commune de porter le projet : « La mutuelle forme plus et mieux les jeunes artisans, elle devient un espace d’échange, elle devient autonome et viable. »Nul doute que cette vision partagée, qui s’est concrétisée davantage en 2016, sera un jour réalité.
Acteurs de la mutuelle pendant un atelier de travail sur la méthode d’analyse du changement social