- 33 ans, agronome de formation.
- Né d’une famille de 2 enfants. Père et mère tous deux paysans, vivant dans la commune de Hinche, au centre du pays.
- Non marié et sans enfants.
Alexander, que fais-tu au sein du MPP, quelles sont tes fonctions ?
Je suis membre de l’équipe technique du MPP qui regroupe les ingénieurs agronomes et les techniciens agricoles et je suis aussi formateur en agroécologie.
Est-ce que tu peux me parler du contenu de la formation, du module que tu animais ?
C’est moi (avec Magorie, une autre formatrice), qui commence la formation de 10 mois avec un module appelé « introduction à l’agroécologie et à la biodiversité ». On y présente aux paysans le concept de l’agroécologie, comment il a été inventé, son importance. Le module dure 8 jours, en 2 temps : 5 jours d’introduction à l’agrécologie et 3 jours sur la biodiversité.
Que dis-tu aux agroécologistes pour leur montrer que c’est important ?
Ce que nous disons, c’est que l’agroécologie c’est l’alternative même pour sauver, pour protéger la planète entière. Dans ce module d’introduction à l’agroécologie, on fait la comparaison entre l’agroécologie et l’agriculture industrielle. On montre que l’agroécologie n’a pas vraiment d’inconvénients. Enfin, disons qu’elle a beaucoup plus d’avantages. C’est l’agriculture de la vie, alors que l’agriculture industrielle menace l’existence de la planète.
Et est-ce que tu pourrais me détailler une journée type de formation ?
Je vais parler de la 1re journée de formation, c’est la journée clé pour nous parce que les apprenants ne savent pas bien ce qu’on va leur dire. Une fois tout le monde dans la salle, Michel Mulaire, le responsable des formations techniques au MPP, fait une introduction générale. Il présente les formateurs, donc Magorie et moi. Ensuite nous prenons la main. Pour débuter, on commence avec la présentation des apprenants : nom, prénom, d’où ils viennent. Ensuite on sonde les participants sur leur conception de l’environnement, de la nature, de la planète en général par le biais de photos représentatives, ce qu’on appelle un « photo-langage ». On recueille pas mal d’informations, pas mal d’idées, qui nous aident à orienter la formation.
Peux-tu me dire quelle était la place des femmes au sein du groupe ?
La place des femmes qui étaient dans la promotion était vraiment extraordinaire. Au niveau des travaux pratiques en groupe, elles ont une dynamique intéressante et plus de rigueur.
Est-ce que les participants mettaient en pratique ce qu’ils avaient appris pendant la formation une fois rentrés chez eux ?
Chaque participant passe une semaine en formation et rentre une semaine chez lui, justement pour appliquer ce qu’il a appris. Une fois chez lui, un technicien agricole et un animateur du MPP suivent ses travaux et à son retour au centre de formation, la première question c’est : « Qu’est-ce que tu as fait chez toi ? ». Ce suivi se fait pendant toute la durée de la formation et au-delà. Il faut aussi avoir en tête que chaque paysan formé doit créer ce qu’on appelle une « brigade », c’est-à-dire une dizaine de paysans, souvent des voisins, qui s’entraident et mettent en place une pépinière commune.
Quels ont été selon toi les changements majeurs pour les apprenants ?
D’abord au niveau de leur attitude. Certains arrivent le 1er jour de la formation en pensant tout savoir. Au final, ce sont eux qui sont beaucoup plus intéressés que les autres, plus participatifs. Après, le fait que nous formions les paysans en méthodes d’organisation paysanne les a complètement changés. Ils peuvent et savent maintenant s’organiser. Une fois la formation finie, beaucoup m’appellent pour me tenir au courant de ce qu’ils font : « Nous sommes en train de travailler là, nous sommes en train de faire des plates-bandes, des murs secs… ». C’est déjà un exemple concret de changement par rapport à leur pratique d’avant.
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