Comment le MPP réagit-il au rapport de la Cour des comptes haïtienne qui vient d’identifier l’absence totale de justification de millions de gourdes issus du programme Petrocaribe ?
La situation politique en Haïti est un peu compliquée. À chaque fois qu’il y a un nouveau président, on se dit qu’il va travailler pour améliorer la situation, mais la situation est encore pire à chaque fois. Le programme Petrocaribe représente des fonds que le gouvernement vénézuélien nous a envoyés pour mettre en place des infrastructures de base en Haïti, mais ils ont été dilapidés par le gouvernement.
Nous, au MPP, sommes un mouvement social, nous faisons partie du mouvement social haïtien et nous avons des revendications. Notre position, c’est de demander à l’État haïtien de rendre compte de ce qui s’est passé avec Petrocaribe et c’est pour cela que nous avons organisé des manifestations comme en novembre dernier.
Nous sommes aussi en discussion avec d’autres mouvements pour prendre une position par rapport à ce scandale et montrer que nous nous opposons à la manière dont le gouvernement a dilapidé l’argent. Nous avons demandé que l’État Haïtien rende un rapport. Le rapport de la Cour des comptes a été déposé devant le parlement, on va voir ce qui se passe. Ce rapport, c’est le résultat de la mobilisation, mais ce n’est pas cela que nous voulons. Nous ne voulions pas que cela vienne forcément de la Cour des comptes, mais nous lirons ce rapport pour savoir si nous continuerons à manifester.
Un nouveau projet conjoint entre Frères des Hommes et le MPP va être lancé en mai prochain, quel est son esprit ?
C’est une consolidation de ce que nous avons fait pendant le projet précédent (mené avec Frères des Hommes de 2014 à 2018). Le groupement paysan va être au centre des activités. Pendant quatre ans nous avons formé 65 de ces groupements, maintenant c’est le moment du diagnostic. Nous allons renforcer leurs actions, à partir d’un travail de recensement des contraintes, des obstacles que les paysans nous auront fait remonter. Nous allons aussi élargir l’expérience de l’Analyse du changement social [1] à six autres « sections communales. »