Le Mouvement paysan Papaye (MPP) a ouvert ce projet à d’autres acteurs que ses propres membres, pourquoi ?
L’environnement concerne tout le monde. C’est pourquoi il faut des femmes, des jeunes, des hommes qui veulent apporter leur contribution. Dans les Comités citoyens que nous avons créés dans ce projet, nous avons rassemblé des représentants des autorités locales, des professeurs, des personnalités locales. C’est très important que ces acteurs soient présents et travaillent ensemble pour que dure la dynamique, au-delà du projet. La réalité du territoire est très importante. Ces gens vivent sur place, ils connaissent leur territoire, il est nécessaire qu’ils se mobilisent. Si on n’agit pas collectivement, ça ne va pas durer, par contre si des personnes de milieux différents dessinent une vision commune pour leur territoire, là la dynamique est appelée à durer. Ce qui m’a surprise c’est que ces personnes ne savaient pas précisément ce qu’étaient les Comités citoyens, nous leur avons expliqué lors de la première réunion. Pourtant ils étaient tous là, ils ont tous été d’accord pour poursuivre le travail et n’ont pas manqué une seule réunion par la suite.
La justice environnementale est très présente dans ce projet
C’est vrai mais elle ne concerne pas que ce projet, elle fait partie de l’ADN du MPP depuis sa création. Nous avons mené beaucoup d’actions liées à l’agroécologie, formé beaucoup de paysans à l’agroécologie. On ne peut pas parler d’agriculture sans un environnement sain, c’est forcément lié. La question de l’environnement concerne tout le monde.
Beaucoup de jeunes (ou de moins jeunes) quittent la région du Haut plateau central où vous êtes installé pour s’installer en République dominicaine ou en Amérique latine ? Pourquoi le font-ils ?
Ces dernières années, c’est un vrai fléau. Il y a une fuite de jeunes vers la République dominicaine ou en Amérique latine, en quête d’une vie meilleure. Même après avoir terminé leurs études, les jeunes ne trouvent pas de travail. Avec ce projet, on a pu faire un diagnostic social et économique dans deux communes du Haut Plateau Central et on a pu constater que près de 18 000 personnes étaient parties depuis 5 ans.
Quel est pour vous le principal obstacle au développement d’Haïti ?
Il y a un niveau de corruption très élevé et l’Etat ne sanctionne pas les coupables. Ensuite il y a un manque de dialogue entre les autorités et les organisations qui travaillent dans le développement. Elles sont mises de côté. Le pouvoir en place pense qu’il peut agir seul, sans plans, sans projets, sans vision.
Votre espoir pour Haïti ?
Que toutes les couches de la société haïtienne se rendent compte que l’Etat ne travaille pas pour l’intérêt général. Aujourd’hui, être Haïtien n’est pas quelque chose de valorisant. On peut arriver à une Haïti prospère. Il faut s’unir pour un Etat de droit, pour que chaque haïtien puisse vivre dignement.