La crainte chez Frères des Hommes de voir celles et ceux qui nous sont proches être impactés par la pandémie ne nous aura pas quittés depuis ce début d’année. Si nous avons cette attention chevillée au cœur, c’est que Frères des Hommes est une « association » au sens littéral. Autour de notre vision d’une société juste et respectueuse, font alliance nombre de personnes : donateurs, salariés, membres des organisations partenaires d’Afrique, d’Inde, d’Amérique latine et bien sûr toutes les populations qui sont accompagnées au quotidien. Autant de situations de personnes exposées, autant de sources d’inquiétude pour nous. Mais l’inquiétude n’est pas synonyme de découragement, au contraire : parce que nous sommes solidaires, jamais nous ne baissons les bras. Même si les situations deviennent parfois dramatiques, savoir rester positif dans la tempête est vital ! Une fois passées les premières vagues de la tempête, nous et nos partenaires nous sommes réorganisés et avons lancé un grand appel à la solidarité. Et grâce au soutien financier reçu de nos donateurs, nous avons su garantir à toutes nos organisations partenaires une stabilité économique pendant la période de crise. Dans des pays où l’aide de l’État existe peu ou n’existe pas, ce soutien est très important. Il a été pour nous prioritaire de maintenir nos capacités d’accompagnement des populations en situations de très grandes vulnérabilités. Cette sécurité a permis aux équipes de formateurs et d’animateurs de nos projets de se mettre au service des dynamiques locales de solidarité. Un moyen de rester associé aux populations pour faire face à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques désastreuses. Vous le découvrirez dans les témoignages de ce journal, cette crise a été pour nous le révélateur de la qualité et de l’efficacité des liens que nous savons maintenir avec les plus vulnérables. En France aussi, nous l’avons vécu. Pour faire face à la pandémie, c’est bien l’attention portée aux autres - notamment aux plus fragiles - et la solidarité qui ont été les meilleurs moyens de traverser cette épreuve ensemble. Et si la distanciation physique est un frein à la propagation du virus, ce que l’on a vécu au sein de Frères des Hommes n’est pas de la distanciation sociale ! C’est même l’inverse, tant le lien « social » s’est maintenu entre toutes les composantes de l’association. Cette crise mondialisée a révélé toute l’importance du rôle joué par les acteurs associatifs tant en France qu’à l’étranger. Elle démontre aussi qu’il est possible de prendre des décisions politiques capables d’atténuer ses effets, quand elles sont au service de l’intérêt général. Pour Frères des Hommes, dont toutes les actions depuis 55 années ont pour principe la solidarité et la coopération, le « monde d’après » se construit aujourd’hui à travers les dynamiques citoyennes collectives qui se mobilisent pour une transition vers plus de justice sociale, environnementale et climatique. Oui assurément, la solidarité est notre meilleur antidote !
Yves Altazin
Directeur de Frères des Hommes