« Je gère la gestion du matériel, il y a aussi l’encadrement des artisans, des groupements féminins, des jeunes apprentis qui sont en “transit”, le volet formation menuiserie bois et métallique. Je suis constamment au niveau de la mutuelle pour superviser toutes ces activités, en commençant par la gestion financière, je vérifie que tout le monde soit ponctuel, je suis les formations tout le long. » Son parcours est le symbole du changement social que la formation peut apporter : « Je suis menuisier d’origine, j’ai appris le métier dans la ville de Kaolack, avant de déménager à Touba avec le maître artisan qui m’avait accueilli, où j’ai géré son atelier pendant 3 ans. » C’est en 2009 qu’il va suivre la formation de formateur proposée par la Kora : « Je suis devenu formateur, encadreur et maintenant animateur, je suis aussi secrétaire de la Chambre des métiers de Touba. » Il se définit comme « un militant de l’artisanat. »
"C’est de la fierté qu’on retire du métier de menuisier"
« Un jeune qui devient apprenti peut gagner sa vie et devenir un maître artisan. Il faut l’amour du métier, tu réalises quelque chose avec tes mains, et ça c’est beau. En entrant dans une maison sénégalaise tu verras que le bois occupe une grande place. C’est de la fierté qu’on retire du métier de menuisier. » Et pour lui, la formation est essentielle : « Se former est la pierre angulaire de cette profession, sans formation, on ne peut pas travailler, et sans évolution de cette formation on ne peut pas avancer, il faut constamment une mise à niveau. La génération qui intègre la mutuelle aura la chance de mieux gérer les ateliers, les jeunes ont envie de se former et il faudra pouvoir répondre à cette demande. » Il insiste sur la complémentarité entre la formation technique et la formation théorique : « La gestion est la clef de l’artisan, se former à la gestion est donc très important, tu peux gagner des millions, cela ne te servira à rien si tu ne sais pas bien gérer ta production. Beaucoup d’artisans n‘ont rien sur leur compte quand ils partent à la retraite, c’est un vrai problème. »
"La mutuelle a eu un rôle de conscientisation"
Le succès de la mutuelle tient beaucoup à l’engagement de Babacar et à celui de son équipe : « C’est la transformation sociale que la mutuelle a créée, elle résout beaucoup de problèmes sociaux, elle a développé des relations entre les autorités locales et les organisations régionales des professionnels du bois, la Chambre des métiers. La mutuelle a eu un rôle de conscientisation, beaucoup de filières professionnelles, beaucoup de groupements féminins se sont organisés, une dynamique d’animation s’est installée pour que les gens prennent leur vie en main, c’est l’individu, l’humain qui est responsable de son propre avenir. »
Babacar Wade lors des journées AVEC (Accompagner la Volonté d’Engagement Citoyen) de la Pépinière de la solidarité internationale