Pouvez-vous présenter votre parcours ?
Marie : Je travaillais dans l’accompagnement à la création d’entreprise en France. En 2015, j’ai pris un congé de solidarité internationale de 6 mois pour faire du bénévolat au Pérou. J’ai intégré la « Pépinière de la Solidarité Internationale », dispositif d’accompagnement de Frères des Hommes et je suis arrivée chez leur partenaire Cenca pour accompagner des artisanes dans la commercialisation de leurs produits. Je suis revenue à Lima en septembre 2016 dans le cadre d’un VSI de 2 ans pour continuer à travailler sur le volet « accompagnement économique » des projets de CENCA et Frères des Hommes.
Apolline : Durant mes études j’ai développé un intérêt pour la solidarité internationale. J’ai une formation en commercialisation et communication mais je n’étais pas très attirée par le secteur lucratif. Je me suis spécialisée en communication dans le secteur associatif lors de stages, surtout en Amérique latine pour laquelle j’ai eu un coup de cœur. Mon stage de fin d’études au Guatemala a en effet confirmé mon intérêt et ma vocation, et je suis ensuite venue en service civique ici au Pérou.
Pouvez-vous nous présenter vos deux structures ?
Marie : Frères des hommes (FDH) est une ONG de plus de 50 ans dont le but est de lutter contre la pauvreté en s’appuyant sur son réseau de partenaires internationaux et sur la formation comme méthode d’émancipation des populations les plus vulnérables. FDH renforce les capacités des acteurs locaux partenaires sur différentes thématiques comme l’agriculture paysanne, l’économie sociale et solidaire, ou l’accompagnement à la formation citoyenne.
Apolline : Cenca est le partenaire péruvien de FDH depuis plus de 20 ans. C’est un Institut de développement urbain, qui travaille à une construction réfléchie de Lima. Cenca a une approche territoriale et travaille aujourd’hui dans un quartier de San Juan de Lurigancho, district de Lima : il y a un projet urbain mais également des formations citoyennes autour de l’émancipation des populations, des jeunes et plus particulièrement des femmes, qui sont des actrices très importantes dans cette zone. Cenca travaille directement avec les populations pour faire entendre leurs voix.
Quelle est votre mission ?
Marie : Le projet « Habla Mujer » vise l’émancipation des femmes et tente de les remettre au cœur de la dynamique du quartier. De mon côté, je travaille sur l’axe économique du projet en renforcement de l’équipe de Cenca. Il y a un volet formation métier, formation à l’entreprenariat et accompagnement des initiatives économiques qui peuvent découler des formations techniques. Le volet économique est très lié au volet social et je participe également aux actions de formation citoyenne et d’accompagnement social des femmes vulnérables.
Apolline : Mon rôle de service civique correspond pour ¼ du temps à venir en support à la communication de Cenca et pour les ¾ du temps restant à assurer la communication du projet commun. Je répertorie et systématise toutes les activités avec des photos, vidéos, articles, pour faire remonter l’information en France, que le siège soit informé du déroulement du projet et pour visibiliser nos actions.
En quoi vos deux volontariats sont-ils complémentaires ?
Marie : Le travail d’Apolline permet de rendre visible les actions menées sur le terrain. Mais me permet aussi d’avoir un regard différent. En réfléchissant en amont sur la communication, on prend du recul et on peut penser différemment l’action. Cela nous permet d’approcher les personnes différemment. On va aller dans un niveau d’informations qu’on n’aurait pas si on restait sur la technique, on va aller sur un niveau plus personnel d’interaction grâce à ses actions de communication.
Apolline : Marie a de l’information plus technique et stratégique, et moi je la vulgarise. Marie est une porte d’entrée au projet pour moi, car je suis de Frères des Hommes, de France, et quand tu viens avec ta grosse caméra ce n’est pas une posture facile pour accéder aux populations. Comme Marie est arrivée avant moi, elle m’a ouvert les portes des différentes activités de Cenca. Elle me permet d’identifier ce que je peux visibiliser et prend mes objectifs en considération, plus que d’autres membres de l’équipe.
Marie : Autre point intéressant, c’est que nous n’avons pas les mêmes interlocuteurs chez Frères des Hommes. Je pense que cela leur permet de multiplier les niveaux d’information et d’avoir une vision globale de ce qui se passe sur le terrain.
Qu’est-ce que le volontariat pour vous ?
Marie : Pour moi c’est une ouverture d’esprit. Je suis arrivée avec des compétences métiers avec l’idée de pouvoir apporter certains outils et manières de travailler en les adaptant au terrain et au partenaire. Je me rends compte que cela va beaucoup plus loin. Un volontariat c’est aussi s’ouvrir à d’autres thématiques. Par exemple, l’approche genre et comment travailler avec les femmes et les hommes pour modifier les violences faites aux femmes. Cenca et FDH nous laissent la liberté de nous intéresser à d’autres thématiques qui vont au-delà du simple métier avec lequel on est arrivé.
Apolline : Je dirais que c’est offrir le meilleur de moi-même à des populations qui en ont besoin mais, au final, moi-même beaucoup recevoir. Et j’ai l’impression que parfois dans le volontariat, les populations nous font tellement réfléchir sur la société que le gagnant c’est toi.
Et pour finir, un moment fort de votre volontariat ?
Apolline : Un moment qui m’a beaucoup touché fût dans le cadre d’un autre projet de Cenca, lors de construction de modules en bois offerts aux familles dans le besoin. Ils organisent un baptême pour célébrer la fin des constructions et une femme avec qui l’on travaille depuis le début de l’année, qui est hyper active dans le projet « Habla Mujer », faisait partie des bénéficiaires justement. J’ai eu la chance d’être sa marraine et de casser la bouteille de champagne sur sa maison pour lui porterchance et c’était un super moment de partage avec elle.
Marie : Des moments forts, j’en ai énormément ! Au quotidien, on est parfois au bureau, en train de préparer nos formations, en réunions, et penser à aller à Mariátegui le soir, soit 1h30 à 2h de transport, alors que je suis fatiguée, c’est un peu dur. Mais au final je reviens toujours remplie d’une énergie énorme ! Les femmes avec lesquelles on travaille ont une force incroyable et elles transmettent cette énergie, leur enthousiasme et leur motivation à chaque rencontre que nous avons avec elles.
L’article est disponible sur le site de France-Volontaires.