Le métier d’« Agro Jean », comme l’appellent les paysans agro-écologistes (formés par le MPP), est de les accompagner quotidiennement dans leurs activités. Il est également amené à suivre 5 familles dites « modèles », auprès desquelles de nouvelles techniques agro-écologiques sont expérimentées. L’enjeu pour Jean est important, il le résume assez simplement : « mon objectif est de promouvoir l’agro-écologie ».
Être autonome
Beaucoup de familles paysannes aujourd’hui en Haïti ne sont pas en situation de sécurité alimentaire. Alors que les périodes de crises se multiplient pour les paysans, les formations du MPP tendent à apporter une solution alternative en leur apprenant l’agro écologie. C’est après ces formations que Jean entre en jeu. Tous les jours, il se rend sur le terrain dans les jardins « Prekay » (« près de la maison » en créole) des paysans. Il leur donne des conseils sur leur plantation et sur les techniques à mettre en place pour que ceux-ci adoptent une production responsable et durable. L’objectif final étant qu’ils puissent enfin être autonomes au niveau alimentaire. Jean est passionné par son métier : son but est de servir les paysans comme son père et sa mère l’étaient. Ce qui l’anime, c’est d’être en action sur le terrain, sans cesse. « En tant qu’agronome ma responsabilité est de servir, de donner, de proposer des solutions mais également de chercher à définir une méthode pouvant aider les agriculteurs à mieux travailler. Ce que j’aime dans mon métier c’est l’accompagnement des agriculteurs sur le terrain. ». « Agro Jean » fait de son travail une affaire personnelle.
« Je ne peux rien faire quand il s’agit du problème d’accès à l’eau »
L’ingénieur agronome a créé beaucoup de liens avec les familles et certaines choses le touchent particulièrement, comme le problème de l’eau. Sans système de drainage, sans pompes, les agriculteurs sont à la merci des saisons pour produire suffisamment. Le phénomène de changement climatique bouscule ces cycles et les limites du travail de Jean se font ressentir. Malgré ses interventions sur le terrain et ses conseils certains agriculteurs ne parviennent pas à avoir un rendement adéquat. « En tant qu’encadreur technique ma responsabilité c’est de les aider à mieux comprendre la réalité mais cependant je ne peux rien faire quand il s’agit du problème d’accès à l’eau. Je n’ai par exemple malheureusement pas pu les aider à trouver une pompe. » Les ressources des agriculteurs ne leur permettent pas d’investir dans un tel système. Plus de 45% des haïtiens vivent avec moins d’un euros par jour, une pompe coûte environ 35 000 gourdes haïtiennes soit 500€ - le calcul est vite fait - les agriculteurs se contentent, pour le moment, de la saison des pluies pour nourrir leur famille.