De la cuisine et de la distribution au parc d’éole avec un collectif d’habitants local
Un groupe s’est chargé d’organiser une distribution alimentaire au parc d’éole pour des personnes sans domicile fixe. En échangeant avec le centre de Torcy, l’équipe a été mise en relation avec le « collectif Pajol » (collectif d’habitant du quartier) qui réalise des distributions alimentaires quotidiennes dans le quartier de La Chapelle. La vision de la solidarité s’accordant entre les différentes parties, le groupe s’est alors occupé de penser à la liste de courses, de trouver une cuisine pouvant les accueillir et enfin de réaliser la distribution le lendemain. A la carte, thieb de poulet afin de distribuer des plats chauds et consistants.
©Loic Trujillo
Une journée sportive et festive sous le signe du soleil et de l’échange
La matinée de cette journée est dédiée à une partie de foot ouverte au public, avec les jeunes et les élèves de l’école normale sociale, mais aussi à leurs amis qui n’ont pas souvent l’opportunité de se retrouver à jouer en équipe et n’importe quel membre de l’équipe de Frères des Hommes souhaitant frapper la balle. L’occasion de partager un moment complice et amusant tout en se mélangeant. Afin d’inclure toutes les personnes présentes, un match amical, sans notion de compétition, a été organisé en introduction, ce qui a permis à tout le monde de participer. Les jeunes ont pris l’initiative de graver un ballon avec des remerciements qu’ils ont dédiés à la responsable de leur formation.
©Loic Trujillo
L’après-midi elle, est rythmée d’animations, de jeux, de collations et de musique pour un « français en fête » non loin du centre social de Torcy. Les jeunes avaient en amont, découvert des jeux et appris à retranscrire leurs règles à d’autres personnes en français. Il a fallu préparer tous les aspects de cette fête : penser au lieu, à la décoration, à la musique, au buffet, aux courses, puis à sa communication. « C’était une nouvelle expérience pour moi. Pour la préparation on a tout fait : organisé les chaises, fait des sandwiches, gonflé des ballons, on a fait toute la décoration. Ça c’était un apprentissage pour moi, c’était la première fois que j’organisait une fête (…) Tout le monde a beaucoup travaillé dans mon groupe et j’ai bien aimé travailler en groupe. » (Mamedy, l’un des jeunes accompagnés au centre social de Torcy).
©Loic Trujillo
Ces actions furent l’accomplissement de plusieurs mois de travail. Les jeunes, plus à l’aise, s’ouvraient plus facilement, proposaient des idées, prenaient les choses en main et osaient plus parler le français malgré les quelques fautes pouvant être faites. Petit à petit, des figures entreprenantes se dévoilaient, ainsi que leurs personnalités. Autant de transformations que nos bénévoles ont pu constater, « Un jeune qui m’a marqué, c’est celui qui a fait le discours à la fin de l’après midi « Français en fête » qui était impressionnant dans les idées qu’il proposait à chaque fois. Il était vraiment bien organisé et on voyait qu’il comprenait tout de suite tous les éléments auxquels il fallait penser pour chaque étape de l’action. Pour la rédaction du speech qu’il a donné à la fin, c’est lui qui a pensé à toutes les choses qu’il fallait évoquer et c’était parfait, on n’avait rien à redire. » (Marc, bénévole de l’équipe de Paris). Un moment de proximité pour échanger et travailler leur français tout en égayant les sens et la créativité. Un après-midi qui illustre le parcours réalisé par les jeunes, où leur posture d’accompagnés passe à accueillants, avec cette fête qu’ils ont créés et animés jusqu’au bout.
Ces deux journées estivales ont été les témoins d’un chaleureux melting pot. Nous avons vu des jeunes sortir de leur coquille et s’exprimer avec beaucoup plus de confiance et d’aisance qu’aux débuts des ateliers. C’est la partie de l’éducation populaire que Frères des Hommes tient à pointer du doigt : on ne peut définir un objectif bien précis avec une trajectoire d’atteinte prédite. Mais à la place s’offrent à nous pleins de possibilités qui se sont entremêlées tout au long du processus. C’est ainsi qu’une des jeunes de l’atelier de cuisine solidaire a pris contact avec l’une des personnes du collectif du quartier pour leur apporter des restes et les aider dans leurs distributions. D’autres jeunes ont été invités à participer à un futur tournois de foot avec l’une des personnes travaillant dans un gymnase municipal proche du terrain de foot.
©Loic Trujillo
L’objectif global étant de semer des graines d’actions citoyennes pour le futur, Frères des Hommes remercie chaleureusement toutes les équipes du centre social de Torcy et ses bénévoles, et les jeunes pour leur investissement tout le long du processus.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
A quelques heures au Nord de Paris, on retrouve l’équipe locale de Lille qui elle travaille conjointement avec Utopia 56 (association venant en aide aux personnes exilées) sur un projet audiovisuel pensé par les jeunes migrants.
Les difficultés du parcours d’arrivée du jeune migrant en France en vidéo
L’objectif est de se mettre en scène sous un format documentaire ponctué de moments romancés, sur le parcours d’arrivée du jeune migrant, du vécu de son rejet, à la non-reconnaissance de son statut de mineur, jusqu’à l’arrivée chez Utopia 56. Le but est de sensibiliser le grand public sur la difficulté d’arriver dans un pays étranger sans repères et mettre l’accent sur les complications administratives lorsqu’on ne peut prouver son âge. « Je veux que ça mette la lumière sur l’image des mineurs non accompagnés qui n’ont pas été reconnu mineurs [administrativement] par l’Etat. Car nous sommes sans papiers, mais nous ne sommes pas sans droits. Nous sommes des enfants, et des enfants ne devraient pas dormir dehors. (…) A travers le film je souhaite partager l’expérience que j’ai vécu, de quitter mon pays car là-bas on était en danger, et de traverser la mer. Beaucoup de gens disent que la mer Méditerranée c’est un cimetière…. Je veux montrer ce qu’on subit tout le long de notre parcours. J’ai des amis qui deviennent fous car il y a beaucoup de traumatismes. C’est ça que ça fait le parcours du migrant, c’est un parcours du combattant dans l’espoir d’avoir une meilleure vie. » (Mondy, l’un des jeunes mineurs accompagnés par Utopia 56)
©Loic Trujillo
Ce projet permet de donner le micro à des personnes dont la voix n’est que trop peu entendue sur des sujets qu’ils souhaitent mettre en lumière. « Moi je veux que les gens qui vont voir la vidéo soient touchés et se rendent compte du parcours que le migrant subit à son arrivée en France. Je voudrais souligner les difficultés auxquelles on fait face à notre arrivée pour que ça fasse bouger les choses. » (Youssef, l’un des jeunes accompagnés par Utopia 56). Le tournage est en cours de préparation avec mises en situations, répétitions, écriture des scripts et repérages de lieux de tournage.
L’association Frères des Hommes est fière de poursuivre la co-construction d’actions de transformation sociale sur le territoire français auprès de partenaires engagés partageant la même vision de la solidarité. Un immense merci aux équipes bénévoles sans qui tout ce travail ne serait pas possible. Une aide précieuse qui s’inscrit dans l’ADN de l’association basée sur le volontariat. Pour plus d’informations sur l’engagement avec Frères des Hommes, rendez-vous ici.