Et ces mêmes outils servent aussi pour les formations, ou aux personnes qui, ayant bénéficié de la formation, sont dans ce qu’on appelle la “zone de transit”, c’est-à dire qu’ils attendent de s’installer à leur compte. » Dès le départ, avec le soutien de Frères des Hommes, la Kora-PRD a voulu faire de la mutuelle un lieu ouvert à tous et à toutes. « On s’est dit qu’il ne fallait pas réserver le lieu aux seuls menuisiers, mais ouvrir aux autres activités, notamment la teinturerie. » Au fur et à mesure de son évolution, les membres de la Kora PRD se rendent compte de l’impact social, autant qu’économique de la mutuelle. De toute la région de Touba, les apprentis artisans arrivent.
"C’est ça le changement social !"
Et tout autour se forme une zone de vie : des menuisiers, des teinturières s’installent à proximité. « C’est ça le changement social, ajoute Babacar. C’est vrai que l’autonomie financière est pour nous le premier objectif, mais la richesse sociale qu’apporte la mutuelle est tout aussi importante. » Cette richesse se voit beaucoup avec les groupements de femmes qui intègrent la mutuelle : « En participant aux formations en teinturerie, en ayant accès aux outils, elles sortent de leur quotidien. »
Les formations proposées au sein de la mutuelle sont multiples : menuiserie bois, menuiserie métallique, teinturerie, gestion financière, alphabétisation. Elles sont adaptables en fonction des attentes des artisans et visent à répondre aux besoins du marché local. Entre 250 et 350 personnes sont formées chaque année. Une session dure entre 4 et 5 jours. « La formation en gestion et la formation technique sont liées, cela ne sert à rien de se former à un métier si on n’est pas capable de gérer des commandes et les revenus qui en découlent » dit Makhtar, le directeur de la Kora PRD.
Et la demande en formation dépasse largement l’offre. « Les organisations professionnelles du bois nous connaissent et nous envoient beaucoup de monde et comme nous invitons à la fois les professionnels et les familles à
chaque cérémonie de clôture des formations, le bouche-à-oreille fonctionne très bien » ajoute-t-il. Car la plus-value de ces formations est de proposer un contenu technique et pratique pendant lesquelles les apprentis fabriquent des objets, en collectif. « Ce côté collectif on essaye de l’enseigner car beaucoup d’ateliers fonctionnent de manière individualiste. »
La mutuelle reçoit principalement des jeunes de 14 à 22 ans
La mutuelle reçoit principalement des jeunes de 14 à 22 ans de toute la région, déscolarisés ou jamais scolarisés.« On a même vu un jeune, ajoute Makhtar, qui travaillait dans une entreprise à Dakar, il avait un niveau bac+4, il est revenu à Touba pour se former et travailler ensuite avec son père. Mais en général les apprentis viennent d’un milieu pauvre, notamment les femmes de
migrants partis en Europe qui, en raison de la crise et de la baisse des revenus, sont obligées de se former pour pouvoir trouver un emploi. »