[Sénégal] Les bibliothèques villageoises au service de l’alphabétisation des paysans et des paysannes

Dans le cadre de notre projet de redynamisation des groupements paysans de la région de Thiès (Sénégal) avec notre partenaire local l’UGPM, on voit renaître et prospérer des bibliothèques villageoises au sein desdits groupements. Zoom sur cette pratique d’éducation populaire dont l’objectif est de promouvoir un environnement lettré.

L’alphabétisme au service de l’émancipation

L’UGPM accompagne 70 groupements dans plus de 50 villages, eux-mêmes accompagnés par des animateurs locaux qu’on appelle des « animateurs endogènes ». Ces derniers permettent d’avoir un lien avec chacun des groupements. Ce sont eux qui permettent la coordination de ce dispositif dans chaque village.
La bibliothèque villageoise est itinérante et peut prendre diverses formes : elle peut être une valise, un kit ou encore un temps collectif. Cela permet d’adapter l’apprentissage à l’environnement de façon décentralisée. Au Sénégal, l’analphabétisme est très présent en milieu rural et les programmes d’alphabétisation étatiques sont difficiles d’accès. La décentralisation de ce type de projet en milieu rural permet donc une meilleure participation de chacun·e.
Les bibliothèques, en plus d’être vecteurs de culture et de connaissances pour les agriculteurs grâce à des livres spécialisés sur le développement de techniques d’élevage et d’agroécologie, sont aussi des espaces de rencontre, de dialogue et de partage pour les habitants des villages. Elles contribuent à la vie communautaire en organisant des ateliers qui valorisent les connaissances locales, la langue wolof et des sessions de sensibilisation à travers le théâtre.
Les jeunes et les femmes, qui sont les premiers touchés par l’analphabétisme, profitent de ces bibliothèques rurales pour s’éduquer, apprendre à lire, s’informer et renforcer leur confiance en eux. Cette initiative favorise, à long terme, leur participation active à la vie civique de la communauté et leur engagement pour le changement social et la réduction des inégalités.

Quand le Collectif Former pour Transformer suscite l’inspiration chez ses membres

Au sein du Collectif “Former pour Transformer”, le succès de ces bibliothèques rurales au Sénégal a suscité l’inspiration chez nos autres partenaires africains.

En République Démocratique du Congo, l’Association pour la Promotion de l’Entreprenariat Féminin (APEF) envisage d’établir une bibliothèque permanente au Centre de formation à Bukavu. Une formatrice sera dédiée à l’accompagnement des femmes dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. Des rencontres et des débats seront également organisés.
Au Rwanda, dans le cadre du projet Récasé mené par Frères des Hommes avec Duhamic-Adri et Adenya, des bibliothèques seront proposées aux organisations paysannes afin de faciliter les cours d’alphabétisation. Cette initiative vise à renforcer l’autonomisation des organisations.
Tout comme les ollas communes à Lima avec notre partenaire Péruvien (CENCA), ce dispositif s’avère être un lieu-ressource, permettant à tout à chacun·e de participer à la vie communautaire. Notons qu’un dispositif communautaire, tel que les bibliothèques villageoises, peut vite engendrer un effet d’émulation, en inspirant d’autres dynamiques locales !


Aujourd’hui, c’est plus de 2000 villages qui en ont bénéficié et plus de 600 ouvrages disponibles dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, l’arboriculture, le reboisement ou le compostage. Et en plus d’améliorer la diffusion de l’information au sein des groupes, ce dispositif d’alphabétisation s’inscrit dans un processus plus large de socialisation et d’émancipation des populations.