Renforcer le lien social

C’était un des objectifs du projet : maintenir et renforcer la solidarité paysanne. L’animateur de l’UGPM est au cœur de cette action.

« Une fois par mois on se rend dans les 4 villages qui ont été choisis dans le projet pour voir si les femmes appliquent ce qu’on leur a appris, on les accompagne » affirme Ndialy Sang, le coordinateur du projet et animateur de l’UGPM. « On s’est formé aussi en même temps qu’elles, chacun d’entre nous doit être au même niveau. » Ces temps communs de formation permettent aussi aux animateurs de mieux connaître "leur" groupement et vice versa. « C’est un moment où on a créé des relations qu’on a toutes gardées » dit Magatte Diouf, une des femmes paysannes formées.

« Maintenant on échange sur notre travail, sur nos difficultés à transformer l’arachide, sur les prix pratiqués au marché par les "banabanas", les intermédiaires. » L’animateur sait comment parler aux paysans. Lui-même paysan, issu des groupements formés par l’UGPM, l’animateur doit entretenir un dialogue permanent avec le chef du village pour maintenir la cohésion de son groupement et éviter les rancœurs. « Le chef du village ne doit pas voir le groupement comme un ennemi,avertit Ndialy Sang, mais comme un instrument au service du développement de son village, et en général les chefs de village regardent notre action avec bienveillance ou sont même parfois membre du groupement, dans ce cas c’est tout le monde qui avance ensemble. » Parmi ces animateurs, huit sont des femmes « et je trouve ça très bien » dit Fatbintou Diop, une de ces animatrices, « le métier d’animateur ne dépend pas du genre. Être animateur c’est une facilité qu’on a, qu’il faut perfectionner grâce à des formations. Un animateur est issu du monde paysan, il sait comment parler aux paysans, il connaît leurs attentes. »

Tous croient à ce qu’ils font et à ce qu’ils sont

L’UGPM a constaté depuis plusieurs années que les campagnes perdaient petit à petit leurs pratiques de solidarité, en écho à une société sénégalaise de plus en plus individualiste. C’est pourquoi « on conseille aux gens de faire attention à ne pas prendre des crédits trop importants, qui les rendent trop dépendants, ce qui est souvent le cas dans le milieu rural. On les incite aussi à ne pas avoir trop de "dépenses de prestige" liées aux mariages, aux enterrements, qui handicapent fortement les familles »précise Galaye Ka, animateur et membre de l’UGPM depuis sa fondation en 1985. La cohésion du groupement est aussi parfois menacée par des tentatives d’instrumentalisation : « Il arrive que tel ou tel chef de village comprenne le potentiel de mobilisation électorale d’un groupement. C’est à nous, animateurs, d’assurer l’indépendance du groupement. Généralement on y arrive, car on ne se situe dans aucun parti politique »continue Adama Niang, un autre animateur. Finalement, pour Galaye Ka, « l’UGPM est avant tout un mouvement de base, avec un lien fort avec les gens qu’il accompagne. Animateurs ou paysans, tous croient à ce qu’ils font et à ce qu’il sont. »


Adama Niang, animateur de l’UGPM