Pour la reconnaissance des paysans

« C’est extrêmement important de pouvoir faire entendre la voix des paysans. Comme on a l’habitude de dire : le monde est un village planétaire, il y a des décisions au niveau national et international qui peuvent avoir des conséquences négatives sur la vie des paysans. » Pour Ndiakhate Fall, former les femmes paysannes est un premier pas qui doit être accompagné par une action d’interpellation des autorités sénégalaises.

« Il faut que les gens qui décident soient informés de la situation des paysans et qu’ils soient conscients que leurs décisions ont des répercussions. »Il prend l’exemple du petit pois : « Le gouvernement a fait entrer le petit pois sur le marché sénégalais, il est moins cher que le niébé (variété de haricot très courante en Afrique - [ndlr]), automatiquement le public s’est désintéressé du niébé, ce qui a pénalisé les agriculteurs locaux. »L’UGPM interpelle de deux manières : sur le plan local et sur le plan national. Au niveau local, le mouvement a développé ce qu’on peut appeler le "plaidoyer culinaire" comme le précise le directeur de l’UGPM : « On a organisé à Méckhé un "Forum sur le produire local". On fait déguster de l’huile d’arachide, on essaie de toucher le public, les autorités administratives ou les décideurs politiques, on discute avec eux. »

Le but est aussi d’encourager les populations locales à consommer d’abord les produits locaux : « Avant par exemple, le mil était consommé au petit déjeuner, maintenant ce sont des baguettes industrielles. On parle de populations rurales pauvres, ça leur coûte cher d’acheter ces baguettes alors que les produits sont là, ils sont moins chers et développent l’économie locale. Tout le monde est gagnant. »

Pour l’UGPM, il faut aussi convaincre au niveau national. Sa force est de se baser sur des faits issus du terrain que l’animateur leur fait "remonter". Pour porter cet argumentaire, l’UGPM agit en collectif par le biais de deux plateformes : la Fédération des organisations non gouvernementales du Sénégal et le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR).
Ce plaidoyer prend du temps, mais il est récompensé par des victoires. Alors que les femmes ont de grandes difficultés à accéder à la terre, le travail du CNCR a permis à plusieurs centaines d’entre elles d’accéder à plus de 200 hectares. Selon les afirmations de Nazirou Sow, président du CNCR, « plus de 320 demandes d’affectation sont en instance au niveau des conseils municipaux, avec toutes les chances de recevoir un avis favorable. »