« Mon père fonctionne, disons, à l’ancienne. Pour lui les femmes doivent rester dans le foyer et les hommes sont dehors. » Katty a rejoint le projet en milieu d’année : « un soir je suis allée à une réunion organisée par Cenca. Ça m’a aidée d’écouter les expériences d’autres femmes, ça aide à réfléchir, à avoir une autre approche. on se sent comme une communauté, comme dans une maison où tu peux venir et t’exprimer librement. »
Un lundi par mois, plusieurs dizaines de femmes se retrouvent dans un espace créé par Cenca, notre partenaire. elles échangent entre elles sur leur quotidien, parlent de leurs droits, avec l’accompagnement des animatrices de l’association. Katty est maintenant devenue une figure centrale de ces « réunions du lundi » et elle s’affirme, avec sa famille : « Si mon père vient chez moi et voit mon fils avec une assiette entre les mains, et qu’il lui dit : "Qu’est ce que tu fais, ce sont des tâches de femmes", mon fils lui répond : "Non, les hommes et les femmes ont les mêmes rôles". » Le soutien est aussi juridique : « Esther, l’avocate de Cenca m’accompagne pour le cas de mon fils, que j’ai eu très tôt, et pour lequel son père ne veut pas payer de pension alimentaire, depuis maintenant 11 ans. » Elle l’aide pour les démarches administratives, pour le suivi du dossier : « Elle m’a dit qu’elle viendrait avec moi aux audiences. »
Katty Sanchez Fernandez, en 3ème position en partant de la gauche
Les femmes péruviennes doivent re-trouver leur place dans la société péruvienne
Renforcer la place de ces femmes dans la société passe aussi par leur indépendance économique, le projet proposait donc à la fois une formation technique et une à l’entreprenariat. Pendant plusieurs mois, Katty, comme plusieurs dizaines d’autres femmes, a été formée à la pâtisserie et à la boulangerie. Pour être capable ensuite d’ouvrir son propre commerce, elle a été accompagnée par Cenca et Marie Bouret, volontaire de Frères des Hommes. Sur place depuis 1 an et demi, Marie appuie l’équipe de Cenca sur les formations techniques et accompagne les femmes dans la création de petites activités économiques. mais si la partie économique du projet reste importante, « elle ne l’est pas autant que l’émancipation sociale de la femme, c’est ça la nouveauté de ce projet », comme le dit Paul Makedonski, directeur de Cenca.
Car « Habla mujer » est un projet de sensibilisation et de lutte pour les droits des femmes, dans une société péruvienne dominée par les hommes. C’est donc par une série d’actions de plaidoyer (pétitions, marches ou conférences) organisées tout au long de l’année que Cenca a voulu faire passer le message : les femmes péruviennes doivent re-trouver leur place dans la société péruvienne.