[Pépinière] Au Rwanda, Duhamic-Adri et Antoine à la manœuvre de forêts comestibles

Après plusieurs reports dus à la crise sanitaire, Antoine Plissonneau, technicien forestier à Nantes et Pépin depuis 2019 a finalement pris son envol vers le Rwanda pour 5 semaines d’action aux côtés de nos partenaires Duhamic-Adri et Adenya. L’objectif : expérimenter la polyculture pour contribuer à l’autosuffisance alimentaire des paysans rwandais.

L’envie du partage

Antoine a 29 ans et regorge d’envie de partager ses connaissances et son savoir-faire en matière d’agriculture forestière. C’est en partie cela qui l’a mené aux portes de la Pépinière de la solidarité internationale ! « L’idée de partir de son propre projet et d’être accompagné je trouve ça vraiment intéressant, c’est quelque chose qui vient de soi, on monte la chose de A à Z, c’est une vraie réflexion personnelle sur qu’est-ce qu’on est capable d’apporter, nos compétences, ce qu’on est capables de faire.  »

Si Antoine savait qu’il voulait construire un projet sur le thème de l’agriculture durable et des systèmes forestiers, ce sont les échanges avec nos partenaires Duhamic-Adri et Adenya au Rwanda qui ont façonné les contours de son action de solidarité ! En effet, la Pépinière lui a permis d’être mis en dialogue avec des acteurs locaux, déjà engagés notamment sur les thématiques d’agroécologie et de souveraineté alimentaire des populations paysannes. « C’est quelque chose qu’on ne voit pas trop ailleurs, le fait d’être mis en relation avec une association locale. J’ai trouvé très intéressant qu’on me présente une association au Rwanda qui travaillait sur ce genre de projet. » explique Antoine, et il poursuit : « J’avais vu qu’il y avait eu beaucoup de problèmes de déboisement au Rwanda et qu’ils replantaient beaucoup donc de base je voulais travailler sur cette problématique de reboisement mais à force d’en parler avec Duhamic et de m’être renseigné sur les forêts jardins, ça a fini par déboucher sur cette action. »

Des forêts comestibles ?

L’action qu’a coconstruite Antoine avec nos partenaires rwandais et avec l’aide de sa tutrice Emmanuelle est intitulée "La forêt comestible : une voie vers l’autosuffisance alimentaire". Derrière ce terme encore peu commun de "forêt comestible" se cache une véritable réflexion autour des techniques d’agriculture forestière. Antoine nous l’explique : « Les paysans locaux travaillent sur de petites surfaces, qui sont souvent sur des zones montagneuses. Donc comment faire pour créer une résilience et maximiser la production sur de toutes petites surfaces ? C’est de là que nous est venue l’idée de créer des systèmes agro-forestiers dont la forêt comestible qui permet de créer des cultures étagers et donc d’augmenter la productivité tout en la diversifiant. »

En cultivant différentes espèces fruitières ou maraîchères sur les diverses strates que proposent les forêts pentues au Rwanda, la production est augmentée et la parcelle cultivée est d’autant plus riche en rendements. Concrètement, « une parcelle test sera mise à disposition par Duhamic pour présenter une forêt comestible "modèle" aux populations paysannes des villages. Donc sur chaque village on a des personnes référentes, et la première semaine je vais beaucoup échanger avec elles » explique-t-il.

En planifiant la mise en place de son action de solidarité en pleine saison des pluies au Rwanda, Antoine sait qu’il s’agit de la période des plantations, à laquelle il pourra assister avec les paysans impliqués dans son action expérimentale. Au terme de ses cinq semaines de présence à Butaré, il ne pourra sans doute pas être témoin des conséquences concrètes produites par les trois parcelles test, mais Duhamic poursuivra l’accompagnement des paysans en ce sens. Antoine rappelle bien que le but de cette action, à termes, c’est que les acteurs locaux puissent « s’approprier les actions et y participer pleinement. »

S’engager et apprendre au contact de l’autre

Si notre Pépin est parti plein de ressources et d’envie, il ne doute pas qu’il reviendra en ayant beaucoup appris : « J’y vais aussi pour ça, pour apprendre plein de choses, déjà le fait qu’on n’ait pas du tout les mêmes climats et donc pas du tout la même manière de faire de l’agriculture, ni les mêmes espèces végétales, moi là-dessus j’y vais en novice. Et le fait de travailler avec les agronomes, les forestiers et les populations paysannes, je pense que je vais apprendre plein de choses d’eux. »

Là se trouve toute l’essence de la Pépinière de la solidarité internationale : en s’engageant bénévolement auprès d’acteurs locaux à l’étranger, et en construisant ensemble une action de solidarité, nos Pépins donnent autant qu’ils reçoivent. Plus qu’une simple expérience ou un voyage, les actions de nos bénévoles forgent leur engagement et concrétisent leur envie d’agir pour un monde plus juste, dont chacun peut se rendre véritablement acteur.