[Haïti] « Ranfo Lavi Peyizan » : la jeunesse se mobilise pour le développement de la vie paysanne

Depuis 2017, notre projet mené de concert avec le MPP a pour objectif d’améliorer globalement les conditions de vie des populations paysannes dans le Haut Plateau Central haïtien. Une nouvelle phase de trois ans renouvelée début 2023 permet de continuer à soutenir l’entraide paysanne, le développement d’activités socio-économiques portées par des familles haïtiennes et la protection de l’environnement.

Malgré une situation politique, économique, sociale et climatique qui s’aggrave, les paysans et paysannes d’Haïti continuent de s’organiser collectivement pour renforcer leur pouvoir d’agir. Presqu’un an après le renouvèlement de notre projet avec le MPP, voyons les impacts qu’ont les formations réalisées avec les populations de Hinche notamment sur la jeunesse haïtienne avec le témoignage d’Iselande Alexandre.


© Frères des Hommes

Se former pour s’émanciper

Iselande Alexandre a 28 ans, elle vit avec ses parents dans la région de Hinche. Suite à une formation sur les stéréotypes, et notamment les stéréotypes de genre, elle sensibilise à son tour d’autres jeunes : « je prends le temps de sensibiliser les jeunes sur les stéréotypes afin qu’ils puissent les identifier et éviter d’en être eux-mêmes victimes ».

A la suite d’une sensibilisation sur le droit des paysans et la mise en place des systèmes de crédit paysan, Iselande a aussi désormais conscience que l’accès foncier agricole est un « droit fondamental » et que « les terres agricoles doivent appartenir aux paysans ». Elle s’engage depuis dans cette lutte : « il faut que nous ayons la sécurité foncière. Dans ma communauté, nous nous battons sans relâche pour que nous ayons accès à la terre ».

S’adapter au dérèglement climatique

Le dérèglement climatique impacte directement la condition paysanne : « nous avons appris que la plupart de nos maladies dites modernes (maladies cardiovasculaires) découlent d’une mauvaise alimentation » dit Iselande. Des formations sur l’agroécologie et la nutrition ont permis d’impulser des changements de mode de vie. Cela passe par une réappropriation de techniques agraires vertueuses : « Le MPP nous encourage à retourner à un mode de vie ancestrale, car nos grands-parents n’utilisaient pas de produits plastiques ».

Grâce à ça, progressivement la dépendance des paysans et des paysannes à la pétrochimie dans leur quotidien diminue. Haïti souffre en effet, fortement des dérèglements climatiques ainsi que d’un fort taux de déboisement : « on peut remarquer qu’il fait de plus en plus chaud et que la sècheresse se prolonge » nous rapporte Iselande. Elle a elle-même « pris l’engagement de réduire fortement l’utilisation des produits plastiques et d’encourager d’autres jeunes à avoir une bonne gestion des déchets plastique afin de préserver notre environnement ». Grâce à des formations de production de plantules en pépinière, des milliers de plantules de types acacia, moringa, mangue, orange, corossol, acajou sont nées et « toutes ces plantules sont en grande partie plantées dans la communauté par des groupements de jeunes et d’adultes ». Inciter la jeunesse à s’intéresser et à participer au développement de leur communauté est un des enjeux du projet. L’exemple d’Iselande illustre cette mobilisation citoyenne !


Malgré des conditions difficiles, le Mouvement Paysan Papaye et les populations paysannes de Hinche continuent de s’organiser collectivement pour agir localement, s’entraider et semer les graines de leur autonomisation.

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