Comment les travailleuses vous accueillent-ils chez elles ?
Beaucoup d’entre elles pensent que nous ne sommes qu’une organisation de plus qui les utilise pour servir ses propres intérêts. Les hommes et les femmes sont d’abord sceptiques à notre égard. Nous leur disons que nous connaissons la loi et les droits des travailleurs. Beaucoup d’hommes ne voulaient pas que leurs femmes viennent à notre rencontre. Ce n’est que grâce à notre persévérance et à nos discussions qu’elles ont pu se rapprocher de nous. Ces femmes s’occupent de leur travail, de leurs maris, de leurs enfants, dans certains cas de leurs aînés, et avec tout cela, elles viennent encore au syndicat.
Vous organisez des formations pour ces femmes, quel est l’objectif ?
Beaucoup de femmes ne connaissent pas la loi ou leurs droits, il est donc très important de les sensibiliser à cela. Nous leur faisons comprendre l’importance de développer leur compréhension de leur situation sociale. Si nous allons tout de suite les solliciter pour, par exemple, une mobilisation ou une manifestation, elles ne viendront pas. La formation est là pour leur donner des moyens d’action. Pour cela, nous faisons appel à une avocate ou à une employée de maison qui a déjà l’expérience du syndicat pour s’adresser aux femmes pendant les sessions de formation. Mais avant cela, nous devons convaincre les maris et les parents que nous ne faisons rien de mal. Nous amenons les femmes à identifier les injustices dans leur vie, sur leur lieu de travail et à leur domicile, tant sur le plan juridique que sur le plan des pratiques sociales.
Quelle est l’importance de se débarrasser des relations de pouvoir ou de domination ?
Il est très important pour nous d’aborder la question de la domination à tous les niveaux. Les femmes n’ont jamais été autorisées à sortir de la maison, ni aujourd’hui ni dans le passé. Cette culture existe toujours. Si nous devons comprendre nos droits, si nous nous voulons changer notre situation, ou même pour le bien de l’avenir de nos enfants, nous devons nous unir. L’éducation est très importante pour cela. La loi est également importante pour soutenir ce changement, pour que nous puissions vraiment lutter contre le patriarcat. Que ce soit par l’éducation, par la loi ou par la formation, nous pouvons surmonter cette domination. Je crois que les difficultés auxquelles les femmes sont confrontées aujourd’hui peuvent être résolues.
Quelle est votre idée d’une Inde idéale ?
Les personnes très instruites et les classes économiquement les plus fortes sont les castes supérieures. Ils ont tiré bénéfice de notre travail, à nous les basses castes. Celles-ci doivent être capables de changer l’ordre actuel. C’est seulement ainsi que l’Inde pourra donner le meilleur d’elle-même. Ce sera un pays où les travailleurs seront libres. Libérés de l’oppression, je veux dire.