Pour Ndiakhate Fall, secrétaire général de l’Union des Groupements Paysans de Meckhé (UGPM), notre partenaire au Sénégal, « l’agroécologie est un mode de vie, tous les acteurs d’un territoire doivent avoir compris les enjeux et changé leur vision des choses avant de pouvoir parler de pratiques agroécologiques. Il faut adopter ce mode de vie. » L’agroécologie favorise la mise en place d’écosystèmes où chacun est concerné : paysans, consommateurs, entrepreneurs, autorités publiques… car les enjeux sont collectifs !
Au Sénégal, au Pérou, en Haïti ou encore au Rwanda, dans les campagnes comme dans les villes, nos partenaires locaux s’engagent pour une prise de conscience des enjeux de l’agroécologie :
- Assurer une production agricole locale et raisonnée dans le sens du respect des terres et des paysans,
- Favoriser la rotation des cultures pour la régénération des terres,
- Encourager des formes d’organisation sociale alliant éleveurs et cultivateurs,
- Favoriser une consommation d’aliments locaux,
- Valoriser le retour aux savoir-faire ancestraux précédant les pratiques industrielles.
Des pratiques agroécologiques au service de la protection de l’environnement
Face au dérèglement climatique qui se ressent davantage et touche plus fortement les populations en situations de vulnérabilités, ou encore pour agir contre les injustices renforcées par les crises économiques et sociales, l’agroécologie apparaît comme une réponse.
Au Sénégal, l’UGPM accompagne des collectifs dans la mise en place d’actions de mobilisations communautaires. L’objectif est de rassembler différents acteurs du territoire avec les autorités locales pour résoudre un problème commun, bien souvent lié au dérèglement climatique. Par exemple, des initiatives paysannes très prometteuses sont en cours de mises en œuvre : une pépinière commune à 6 groupements paysans voisins a vu le jour en juin 2022. L’ambition de cette pépinière de 10 000 plans d’arbres forestiers et fruitiers est également de pouvoir nourrir les populations pendant les périodes sèches, lorsque leurs récoltes annuelles seront consommées.
En Haïti, notre partenaire le Mouvement Paysan Papaye (MPP) encourage également la diffusion de l’agroécologie aux différents groupements paysans qu’il accompagne ! Mulaire Michel, coordinateur du projet « Renfo Lavi Peyizan », témoigne en ce sens : « Le changement climatique est une menace que nous ne pouvons pas contourner nous-même, mais il faut prendre les devants et prévenir. Nous avons mis en place des comités citoyens, avec plusieurs acteurs en leur sein, qui se réunissent pour aborder la question de l’environnement. » L’idée des comités citoyens est de mobiliser les populations rurales dans la mise en place d’outils d’adaptation aux changements climatiques, qu’elles auront elles-mêmes élaborés. C’est une vraie dynamique collective dont est aujourd’hui témoin le MPP : « Nous avons commencé avec un seul comité citoyen, aujourd’hui nous en avons 7 à Hinche et Mirebalais ! ». Le MPP a également accompagné la création de brigades sylvo-agricoles (BAS) accompagnées par un animateur agronome, dont l’objectif est de renforcer techniquement les populations paysannes en agroécologie, et de favoriser les échanges entre pairs autour des enjeux environnementaux.
Aller dans le sens d’une souveraineté alimentaire des populations
Choisir l’agroécologie, c’est aussi faire le choix de se nourrir sainement et de privilégier les agricultures familiales et locales, avec des produits de saison cultivés dans le respect de l’environnement. Au Rwanda, dans le cadre de notre projet « Récasé », nos partenaires Duhamic-Adri et Adenya renforcent les groupements paysans à l’agroécologie au travers de formations techniques tels que le greffage, le paillage des sols ou leur fertilisation grâce aux fumures organiques. Les groupements paysans bénéficient de distributions de semences maraîchères entre autres, et chaque paysan est formé à l’agroécologie par l’intermédiaire d’un Paysan Animateur Formateur (PAFO). Les savoirs se diffusent localement et ce sont des villages entiers qui peuvent en bénéficier. Nous avons par exemple rencontré Verediane, agricultrice et PAFO :
Dans le cadre du projet Récasé, j’ai appris à construire un jardin potager pour mon foyer, ou des petits champs de légumes, et j’ai aussi eu des formations pour apprendre à dispenser moi-même ces formations aux autres membres de ma communauté […] On fait ensemble la culture des légumes pour habituer les familles à avoir des légumes à portée de main, on n’a plus à aller au marché.
Amarante, oignons, carottes, tomates, haricots… une grande variété de légumes est cultivée dans ces jardins potagers. Les communautés paysannes peuvent alors maximiser le rendement de leurs petites parcelles et accéder facilement à une nourriture de qualité.
Dans un tout autre contexte, dans la capitale du Pérou à Lima, il s’agit d’implanter des potagers urbains dans les quartiers précaires de San Juan de Lurigancho. Yeffel Pedredos Sandoval est ingénieure agronome auprès Cenca, notre partenaire local. Elle témoigne : « C’est un défi pour nous de pouvoir créer des espaces verts, des petits poumons au milieu du quartier. » Ces potagers urbains sont cultivés par des femmes accompagnées par Cenca, et produisent des aliments à destination du voisinage : ils fournissent notamment les réserves alimentaires des cantines communautaires, ou « ollas comunes ». Yeffel poursuit : « Ce qui est important, c’est que grâce au potager, les femmes peuvent générer de nouveaux revenus pour leur famille […] On pense commencer le projet "De potagère à potagère" (Huertera-huertera) pour que les femmes qui ont déjà des connaissances puissent partager leurs expériences à d’autres voisines. » Depuis le début du projet « Habla Mujer » que nous menons avec Cenca, plus de 100 personnes ont été formées par notre partenaire à la mise en place d’un potager urbain.