[Sénégal] L’entreprenariat collectif comme réponse à l’exclusion sociale

Bigué Ndao, coordinatrice du projet qui nous lie à notre partenaire Concept à Dakar (Sénégal), s’est rendue à Paris en novembre dernier. L’occasion pour nous de faire le point sur notre projet d’autonomisation socio-professionnelle des jeunes apprentis artisans. Parmi les grandes réalisations évoquées, celle des micro-entreprises fondées par les jeunes accompagnés par notre partenaire. Zoom sur ces initiatives porteuses d’espoir et riches d’enseignement.

Se responsabiliser et mettre en pratique ses connaissances acquises en formation

Notre projet d’autonomisation socio-professionnelle des jeunes apprentis à Dakar comprend le financement de micro-entreprises à l’initiative des 72 apprentis accompagnés par Concept. Bigué Ndao revient avec nous sur la formation spontanée de ces associations d’esprits et d’ambitions : « Les groupes se sont formés seuls, nous ne les avons pas déterminés. Ils se sont échangé des idées d’activités entrepreneuriales, ils ont commencé par communiquer naturellement, ils se sont rendu compte qu’ils voulaient faire la même chose. […] Ils sont entre 3 et 5 personnes par groupe. Ils se sont organisés puis on leur a posé des questions sur l’organisation, et la gestion des activités et des fonds. Ils se sont répartis les tâches entre le trésorier, le responsable d’achat, de confection, de fonds, de vente… pour fluidifier toute la gestion. Ils reconnaissent les compétences de leurs pairs et c’est une grande chose que de le reconnaître. »

Ainsi ont commencé leurs aventures entrepreneuriales, sources de beaucoup de fierté pour ces jeunes souvent sortis prématurément du circuit scolaire et touchés par un repli social. L’objectif principal de ces projets entrepreneuriaux est de responsabiliser chacun des jeunes tout en lui faisant prendre conscience de ses capacités de co-décision et de construction collective. En autonomie mais toujours soutenus par Concept, les groupes s’élèvent et se fortifient. Au-delà des liens personnels qui se créent et se renforcent par cette occasion, les jeunes prennent la mesure de leur potentiel en entreprise. Le soutien de Concept se matérialise financièrement mais pas que, comme l’explique Bigué : «  On leur donne des fonds et on mobilise aussi les maîtres artisans et les parents disponibles pour venir rencontrer les groupes : ça fait émerger de nouvelles idées, et ça les valorise auprès de leurs proches. Maintenant les groupes sont formés, les projets sont en cours, les rôles sont répartis et la cohésion est là mais il faut continuer le suivi, par téléphone ou en les visitant pour savoir s’ils rencontrent des problèmes et on leur donne un accompagnement spécifique ! On les redirige vers des lieux de formation, de financement ou de formalisation pour qu’ils aillent encore plus loin ensemble. »

C’est ensemble qu’ils et elles pensent, conçoivent et se projettent !

La force du collectif : l’entraide au cœur de la démarche

En effet, l’enjeu pour notre partenaire est de maintenir un lien personnalisé, autant avec les apprentis individuellement qu’avec les nouveaux petits collectifs formés par les projets entrepreneuriaux : « Tous les groupes ont une manière de faire et de s’adapter qui va au-delà de l’accompagnement. Les groupes arrivent à travailler ensemble, entre eux. Et dans chaque groupe, chacun arrive à trouver son espace, peu importe leur filière, et malgré leurs parcours différents.  » Pour l’équipe de Concept, la plus-value de leur travail réside dans le lien particulier qui s’est créé au fil des mois avec les jeunes : «  C’est l’adaptation à chaque profil qui est précieuse » témoigne Bigué.

Lors de la première foire artisanale de Concept organisée en octobre 2022, les différents groupes ont pu exposer leurs productions et s’exercer à la vente, avec le soutien de Lauriane, notre bénévole Pépin venue de France pour les accompagner dans l’organisation et l’animation de la foire.

Un beau moment collectif, et l’occasion pour toutes et tous de faire valoir leurs compétences, tant humaines que professionnelles. Pour conclure, Bigué Ndao nous explique :

« L’important c’est qu’ils soient en groupe, qu’ils vivent en tant que groupe, que le budget soit géré et qu’ils se connaissent. De vraies relations se sont construites grâce au projet et grâce à ces groupes-là, ils passent leur temps libre ensemble, c’est un gage de solidité et de réussite pour le travail. Ils s’identifient entre eux et réalisent tous les liens qui les unissent. »

Les projets entrepreneuriaux continuent leur développement en 2023, ne cessant de faire fructifier les réflexions et concertations de ces jeunes personnes pleines d’ambitions et de compétences.