Partenaire de Frères des Hommes, l’APEF (Association pour la promotion de l’entreprenariat féminin) forme et accompagne les femmes en situations de vulnérabilités afin qu’elles puissent acquérir des compétences métiers pour augmenter leurs revenus et améliorer leur place dans la société d’un point de vue social à travers des formations émancipatrices. L’association se situe à Bukavu, une ville de la République Démocratique du Congo, capitale de la province du sud-Kivu et située sur la rive-ouest du Lac Kivu. C’est là-bas que Ludivine a effectué ses deux années de missions en tant que Volontaire de Solidarité Internationale (VSI).
©Frères des Hommes - @Bukavu
D’origine belge, Ludivine, 27 ans, retrace son parcours universitaire dont le social et l’accompagnement ont toujours été le fil rouge. Allant d’un bac dans le secteur social puis un master en coopération et développement international, une chose est sûre, elle ira travailler dans un pays en Afrique. « Depuis toujours je sais que je vais travailler en Afrique. J’ai fait beaucoup de bénévolat, j’ai fait mon stage de fin d’année d’éducatrice au Sénégal, j’ai fait mon travail de fin d’études sur le public à Madagascar. C’était donc une suite logique de faire un master pour travailler à l’étranger en abordant les questions de développement et de coopération. »
Elle décroche son master et cherche son premier emploi, mais peine à trouver chaussure à son pied notamment en pleine crise du covid qui ne facilitait pas la tâche. Elle finit par tomber sur l’offre de volontariat de solidarité internationale de Frères des Hommes. « Je venais de finir mes études, il y avait le covid et trouver directement du travail dans la coopération internationale était compliqué. Le VSI c’était le tremplin parfait pour une première expérience car tu as beaucoup de choses à faire, mais tu es à la fois très bien entouré et accompagné, ce qui est important pour aussi oser dire ‘’je ne sais pas et il faut m’aider’’. Ce qui m’a plus chez Frères des Hommes, c’est la vision de l’accompagnement notamment, que je trouvais super intéressante avec cette idée de collectif(s). J’ai découvert par hasard, mais en apprenant à connaître c’est devenu évident. »
Il était une VSI à l’APEF
En arrivant à Bukavu, c’est le coup de cœur pour Ludivine, qu’elle nomme « la ville à multiples facettes ». Le contexte de guerre a forcément des répercussions sur la vie sociale et économique des populations, ce qui demande du courage et beaucoup d’adaptation quand on arrive.
La plupart des apprenantes du centre de formation de l’APEF habitent juste derrière celui-ci dans un quartier où les maisons sont en bois sur pilotis. Elles viennent au centre de formation pour suivre différentes activités : des formations techniques, en coupe couture ou en teinture et des formations émancipatrices avec notamment des ateliers d’alphabétisation. Leurs maris sont également mobilisés par l’APEF qui anime des cercles de paroles notamment sur les masculinités positives.
Dans le cadre du projet commun entre l’APEF et FdH, Ludivine avait comme missions principales d’accompagner l’équipe des formatrices de l’APEF sur les questions d’ingénierie de la formation en particulier en consolidant les méthodes d’éducation populaire mais aussi en se mobilisant sur l’accompagnement post-formation des femmes. De plus, Ludivine a fortement contribué à la réalisation de l’analyse d’impact pour analyser les effets sur le pouvoir d’agir socio-politique des femmes. Enfin, elle a également été mobilisée pour faire le suivi des activités du projet de manière plus transversale.
©Frères des Hommes - @Bukavu
De façon plus ponctuelle, il y a aussi la participation à des moments clés comme les certifications pour chaque promotion au cours de cérémonies de remise de diplômes, qui sont des moments forts, importants et festifs pour les apprenantes ou encore comme la journée du 8 Mars avec une exposition de photos sur l’évolution de la femme au sein de l’APEF.
Le volontariat de solidarité internationale : une expérience professionnelle et humaine transformatrice
Le rôle du volontaire de solidarité internationale est un pivot essentiel entre Frères des Hommes et ses partenaires à l’étranger. Pour Ludivine, c’est un peu comme un caméléon (car il doit savoir s’adapter), à casquette (parce qu’il porte à la fois la casquette Frères des Hommes, la casquette du partenaire, mais aussi la sienne) avec à la main, une toupie (représentant le côté dynamique et polyvalent du VSI) et une torche (représentant le service à l’organisation dans la co-construction du projet).
Elle nous témoigne que « c’est au volontaire de s’adapter aux combats des populations locales, ça fait vraiment partie du boulot. »
Comme l’illustre ce tableau exposé à Bukavu, ce que Ludivine retient de son volontariat, c’est d’abord le lieu en lui-même. « Le poing levé représente bien la force des populations avec qui j’ai échangé, mais aussi le contexte de Bukavu lui-même avec les tags et les couleurs. »
Que ce soit de l’acquisition de compétences professionnelles, les rencontres, les découvertes, les prises de consciences sur soi-même, Ludivine revient bien changée et grandie de son expérience avec l’APEF. « Ce volontariat reste une expérience incroyable (…) C’est une deuxième famille que j’ai pu rencontrer aussi. » Elle nous confie que tous les moments forts vécus là-bas, qu’ils aient été positifs ou moins positifs, lui ont permis de grandir en ayant de profondes réalisations sur elle-même : « j’ai appris que je pouvais avoir de la patience. »
En effet, en deux années de volontariat, il y en a des anecdotes, des réussites, des challenges, des ratés, des moments de doute, mais aussi des moments intenses. Sur le plan professionnel, il faut redoubler de patience pour se sentir pleinement à l’aise. Ludivine nous confie que « l’intégration prend du temps et c’est normal. » Mais à force d’écoute, d’effort et d’adaptation, elle a fini par pleinement s’intégrer : « l’APEF et Bukavu c’était devenu chez moi (…) j’ai pu créer des liens forts avec toutes les personnes rencontrées en particulier avec les femmes leadeuses du collectif, il y a un lien et une confiance qui se sont créés. »
Ce sont deux années que Ludivine n’est pas prête d’oublier, « c’est déjà prévu dans ma tête de retourner à Bukavu » nous confie-t-elle, à peine revenue en France. Aujourd’hui sa mission à l’APEF est finie, mais pas son engagement « j’ai envie de continuer ce combat et travailler sur les questions de genre et sur l’émancipation des femmes, pourquoi pas au Congo. J’ai connu d’autres contextes et c’est vrai que c’est celui-ci qui m’a le plus plu. »
Quand un jour, un nouveau volontaire reprendra le flambeau, Ludivine lui laisserait ce message : « lance-toi, n’ait pas peur, ait les épaules pour et sinon, le billet retour est toujours possible. »
Un grand merci à Ludivine pour son engagement et son retour d’expérience, qui nous l’espérons, inspireront d’autres personnes à agir pour la transformation sociale avec Frères des Hommes !