Haïti :
Le pays est le deuxième le plus touché dans les Caraïbes, derrière la République Dominicaine. Il apparaît toutefois que l’épidémie n’est pas aussi virulente que ce que laissaient craindre les projections scientifiques. Ces mêmes projections indiquent que le pic pourrait avoir lieu en Juin. Officiellement 73 décès ont été recensés mais les autorités reconnaissent que ce bilan est bien inférieur à la réalité. Le 20 mai dernier le gouvernement a annoncé le renouvellement de l’état d’urgence jusqu’au 20 juillet 2020. Cette mesure implique la fermeture des écoles, des universités, des usines et des lieux de culte, l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes, la fermeture de l’aéroport et des ports sauf pour le transport de marchandises, le couvre-feu de 20h à 5h et le port du masque obligatoire dans les lieux publics.
Inde :
Le pays était entré la semaine dernière dans une phase de déconfinement progressif jusqu’au 30 juin (reprise d’activité dans les centres commerciaux, les lieux de culte, les restaurants, les hôtels, vols intérieurs autorisés). Pour beaucoup, ce déconfinement intervenait trop tôt, notamment après le retour de milliers de travailleurs migrants intérieurs dans leurs villages et le risque qu’ils favorisent la propagation du virus. Après s’être en apparence stabilisé, le nombre de nouveaux cas est reparti à la hausse et approche désormais 12 000 par jour. L’Inde est désormais le quatrième pays comptant le plus de cas dans le monde. Une étude indienne et anglaise estime un pic possible en novembre. Les chiffres ne semblent refléter qu’une partie de la réalité, il est difficile de savoir combien de malades sont hospitalisés, combien sont en réanimation et combien sous respiration artificielle. À New Delhi, où la situation sanitaire est extrêmement confuse, l’estimation du nombre de morts peut aller du simple au double. Les témoignages montrant des hôpitaux débordés et des patients des bidonvilles refoulés se multiplient. Chennai, 4ème ville du pays, a été confiné jusqu’à fin juin. Bangalore (où se situe notre partenaire Fedina) est une des villes les moins touchées avec 827 cas, pour 10 millions d’habitants, selon les statistiques officielles. Le couvre-feu reste en vigueur sur l’ensemble du territoire entre 21h et 5h. Les liaisons aériennes internationales sont suspendues.
Sénégal :
La progression de la maladie a beau être lente, l’augmentation du nombre de contaminations continue (100 cas journaliers). Malgré cela restaurants, casinos et salles de sport ont rouvert leurs portes. A ce stade, les frontières sénégalaises restent fermées jusqu’au 30 juin. Après avoir reporté la rentrée des classes après des cas confirmés de Covid-19 au sein du corps enseignant, les autorités l’ont finalement autorisé le 25 juin mais seulement pour les élèves en classes d’examen (CM2, 3e, Terminale). Dakar, Touba et Thiès concentrent la dynamique actuelle de l’épidémie.
RDC/Rwanda :
Si, comme au Sénégal, l’épidémie se poursuit lentement, le docteur Mukwege (prix Nobel de la paix en 2018) a alerté l’opinion congolaise contre un risque de relâchement face à la progression exponentielle du virus. Après 3 jours de confinement, la ville de Bukavu (siège de l’APEF, notre partenaire) a par exemple repris une activité normale. Il a aussi dénoncé le manque de moyens du système de santé congolais, qui ne bénéficie que d’un seul centre de dépistage pour tout le pays. Il faut deux semaines pour connaître le résultat d’un test. Ce manque de moyens a été la raison de sa démission du conseil scientifique mis en place pour coordonner la mobilisation face au virus. Les mesures de restriction sont de moins en moins supportées par la population. Les tensions sociales se multiplient dans le pays, notamment à Kinshasa où une manifestation de commerçants en faveur de l’ouverture du marché central a fait trois morts. Le 30 juin prochain, le pays célèbrera les 60 ans de son indépendance. Au Rwanda, le pays vient d’enregistrer le plus grand nombre de contaminations journalières depuis le début de l’épidémie, avec une trentaine de cas. Et ce alors que les mesures de confinement ont été allégées dans la plus grande partie du pays depuis plusieurs semaines. Les lieux de culte pourraient par exemple rouvrir dans 15 jours. Le foyer de la contamination ne se situe plus à Kigali mais dans l’ouest du pays, aux alentours de la ville de Kamembe, voisine de Bukavu en RDC. La ville est d’ailleurs de nouveau en confinement total. Le gouvernement a déclaré que tous les vols commerciaux de passagers resteront suspendus jusqu’à nouvel ordre. Le couvre-feu reste en vigueur sur tout le territoire.
Pérou :
Le pays vient de passer quatre mois en confinement strict mais a quand même dépassé 200 000 cas positifs (autant qu’en Italie) et près de 7 000 décès. Il n’est toujours pas possible de se déplacer sauf pour se rendre dans un centre de soins, à la pharmacie ou pour acheter des produits alimentaires. Le dimanche, l’ensemble de la population (sauf à travailler dans un secteur clef) a l’interdiction de sortir. Un couvre-feu est en vigueur de 21h à 4h du matin. Depuis un mois les enfants de moins de 14 ans peuvent sortir accompagnés d’un adulte, mais seulement durant une demi-heure par jour, dans un périmètre de 500 mètres entourant leur domicile.
L’approvisionnement en oxygène est une question très critique. La demande d’oxygène dans les hôpitaux est de 40 % supérieure à la production disponible. Le marché noir s’est développé et le prix du ballon d’oxygène de 10 m3 coûterait entre 900 et 1 500 euros. Une somme que très peu de Péruviens peut se permettre. Autre question, et source de tensions, la présence de plus en plus massive de vendeurs ambulants dans le centre de ville de Lima, faute de pouvoir trouver d’autres sources de revenus en raison du très long confinement du pays. La crise sanitaire se double d’une forte crise économique. Le PIB a chuté de 40%. Pour alléger la pression sur l’économie, des secteurs clefs comme l’exploitation minière (40% des exportations du pays) sont en train d’être progressivement rouverts.