Comment avez vous organisé votre action ?
Usha Ravikumar : On travaille avec cinq groupes dans ce projet, trois groupes à Bangalore et deux groupes hors de Bangalore. Surtout avec les travailleuses domestiques, les travailleuses dans le domaine de la construction, les retraitées, ou les porteuses de marchandises.
Sebastian Devaraj : Fedina se concentre sur les classes sociales les plus basses, où il y a des violences et des discriminations et plus particulièrement sur les violences qui ont lieu sur le lieu de travail. En parlant avec les femmes sur leur lieu de travail, on se rend compte que les violences domestiques qu’elles subissent ont un impact sur leur capacité ou leur force pour se mobiliser.
Il y a des lois qui existent. Par exemple, il y a celle pour « une rémunération égale pour un travail égal » qui existe depuis près de 30 ans, ou une loi plus récente contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Toutes ces lois sont là, mais elles ne sont pas appliquées. C’est pourquoi on essaye d’amener ces femmes à comprendre ces lois, pour qu’elles puissent y accéder et être protégées. Si les lois sont si peu appliquées, c’est parce que nous vivons dans une société très patriarcale. Le but, c’est donc de sensibiliser les femmes pour qu’elles puissent exercer une pression sur les institutions et faire appliquer les lois. S’il y a une grande force portée par des femmes qui sont éduquées, conscientisées, les choses pourront bouger.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les réunions de rue (street meetings) ?
Usha Ravikumar : Il y a des femmes, travailleuses du secteur informel, que nous allons rencontrer dans leur quartier. Des animateurs/militants de Fedina leurs expliquent quels sont leurs droits, les différentes activités du syndicat, quelles sont les lois qui existent…
Sebastian Devaraj : Si ces réunions sont si importantes, c’est parce que les femmes manquent de temps. Si on leur demande de se réunir quelque part, elles devront laisser leur maison pour s’y rendre, ce qu’elles ne peuvent pas toujours faire. Alors on se déplace. On parle alors des problèmes sur les lieux de travail qu’elles ont pu rencontrer, des lois qui existent, comment elles peuvent s’organiser, comment elles peuvent décider de certaines choses collectivement… Et à partir de là, on peut encourager certaines d’entre elles à prendre du temps pour assister aux réunions mensuelles.
Est-ce que vous avez rencontré des difficultés pour l’instant ?
Sebastian Devaraj : Pas directement. Mais la politique du gouvernement indien est de réduire les dépenses dans le secteur social. Le budget alloué au secteur social a été réduit dans le domaine de la santé, des retraites, dans l’accès à l’emploi… Dans tous ces secteurs, soit le budget a diminué, soit le but originel des lois a été détourné.