La formation au cœur du changement
Qu’il s’agisse de l’APEF (Association pour la Promotion de l’Entreprenariat Féminin) en RD Congo, de CENCA au Pérou ou bien de Fedina en Inde, nous menons avec chacune de ces organisations des projets visant à améliorer les conditions de vie de femmes en situations de vulnérabilités. Pour sortir de situations quotidiennes synonymes d’isolement, de domination, ou encore de pauvreté, ces femmes sont encouragées à se former sur une grande variété de sujets. Des formations techniques professionnelles aux formations émancipatrices, l’APEF, CENCA et Fedina mobilisent de nombreuses ressources pour défendre le pouvoir d’agir des femmes accompagnées.
En Inde par exemple, en proposant un soutien pérenne à des collectifs de femmes travailleuses dans le secteur informel, notre partenaire Fedina accompagne ces derniers dans leurs revendications, comme en témoigne par exemple Lakshmi, employée de maison à Bangalore : « Fedina nous conseille et on se sert de ces conseils pour agir. » Chitra Gaekwad est animatrice de proximité pour Fedina , elle explique : « Beaucoup de femmes ne connaissent pas la loi ou leurs droits, il est donc très important de les sensibiliser à cela. La formation est là pour leur donner des moyens d’action. […] Que ce soit par l’éducation, par la loi ou par la formation, nous pouvons surmonter cette domination. » Les formations dispensées par Fedina portent sur une grande variété de sujets : le droit du travail, l’histoire des femmes réformistes en Inde, le système des castes et ses répercussions dans la vie des femmes… Claire Ganne, responsable de formation à Frères des Hommes accompagne Fedina dans la mise en place de formations à destination des femmes employées du secteur informel et explique que « l’objectif général est de développer le pouvoir d’agir des femmes dans les différentes sphères de leur vie : chez elles, au travail, dans la famille, dans le rapport à leur corps et à leur sexualité… » Cette attention portée à traiter toutes ces problématiques lors des formations est représentatif de la volonté de Frères des Hommes et de ses partenaires de permettre aux femmes participantes d’être actrices de changement.
Formation d’un groupe de femmes par une animatrice à Fedina
En RD Congo, depuis 1996 l’Association pour la Promotion de l’Entreprenariat Féminin (APEF) accompagne les femmes en situations de vulnérabilités de la région de Bukavu dans leur émancipation économique, sociale et politique. Dans le cadre de notre projet, l’APEF forme 270 apprenantes sur leurs droits en tant que femmes, via des formations émancipatrices portant sur le droit du mariage, l’héritage, les violences basées sur le genre, ou encore la gestion de conflit. L’animatrice de ces formations témoigne : « Plusieurs femmes subissent des violences sans même le savoir, mais après avoir été formées, elles prennent conscience de leur situation et de ce qu’elles sont en droit d’attendre. Ce sont des moments très forts en émotions, il y a des témoignages qui font mal au cœur mais on les encourage et avec les formations et le temps, elles comprennent qu’il faut se battre et travailler dur pour que ça puisse les aider dans leur vie. » Et Nunu Salufa, directrice de l’APEF de renchérir : « Ce n’est pas comme un maître qui est devant des élèves, les femmes sont toutes comme des amies, et c’est ce qui fait la confiance entre elles. Elles peuvent se conseiller entre elles, revenir sur leurs expériences personnelles. Ça réveille du collectif, ça les unit. » Cette confiance créée au sein des groupes de femmes formées par l’APEF est précieuse et alimente une solidarité féminine qui dépasse les murs du centre de formation, en témoigne la création d’un Grand Collectif de l’APEF par d’anciennes apprenantes qui portent haut les revendications de justice et d’égalité entre les sexes à Bukavu. En plus de savoir-faire artisanaux acquis pendant leur formation en coupe-couture, les femmes se munissent d’outils précieux dans leur (re)construction sociale.
Formation émancipatrice à l’APEF
Des mobilisations collectives pour combattre les injustices
Au-delà des formations organisées par l’APEF, notre partenaire en RD Congo met en œuvre des actions de mobilisations sociales chaque année, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Le 15 mars 2023, l’APEF ouvrira ses portes au public de Bukavu et à plusieurs acteurs locaux pour découvrir ses actions par l’intermédiaire de différents stands et d’activités de débat. Lazare Kabagalya, chargé de programme au sein de l’APEF évoque ce temps fort pour les apprenantes chaque année : « Les femmes se mobilisent, anciennes comme nouvelles apprenantes, pour cette journée capitale pour l’APEF : ça nous permet de montrer aux autres acteurs le rôle que nous devons jouer pour arriver à la transformation sociale. On veut que ces femmes puissent témoigner et voir grandir leur estime de soi en s’exprimant au niveau de la communauté, faire entendre leurs droits, et développer leur pouvoir d’agir. » Une occasion immanquable pour visibiliser les combats de l’APEF et le travail des femmes.
À Lima, les enjeux sont les mêmes pour les populations soutenues et accompagnées par notre partenaire péruvien CENCA. En parallèle des nombreuses formations professionnelles proposées par CENCA aux femmes du quartier de Mariategui à San Juan de Lurigancho (sur les hauteurs paupérisées de Lima), notre partenaire a depuis 2021 accentué son soutien aux « cantines communautaires ». Ces initiatives citoyennes nées de la pandémie du Covid-19 ont pour objectif de proposer des repas à moindre frais aux populations vulnérables. Les « cantines » sont tenues et animées par des groupes de femmes voisines, et permettent à ces dernières de gérer collectivement une petite activité génératrice de revenus. Le réseau des cantines communautaires de San Juan de Lurigancho est largement soutenu par Cenca, qui les accompagne dans leur structuration et leur démarche de plaidoyer auprès des autorités nationales et locales. Esther Alvarez Estrada est avocate à Cenca, elle témoigne : « Avant, les femmes des cantines communautaires étaient dans leur maison et tout à coup elles font partie d’une organisation et elles ont atteint le niveau de parler avec les ministres et le Président. Elles n’auraient jamais imaginé ça. Cette initiative a tiré cette force des femmes pour affronter et lutter en première ligne contre la faim. »
Femmes membres d’une cantine communautaire
Ensemble, les femmes ont agi, ont développé leurs capacités à faire entendre leurs voix. Plus largement, CENCA encourage le regroupement des femmes en collectifs de production, comme peut en témoigner Maruja Manos Estrada, qui a reçu une formation en couture dans le cadre de notre projet « Habla Mujer » : « Avec des amies, on a formé un groupe dans lequel on fabrique différents types d’habits. De cette manière-là, je peux apporter quelque chose à mon foyer, je me sens utile. Cenca nous a toujours enseigné la solidarité. On a besoin de se soutenir et de s’organiser pour pouvoir aller plus loin. On espère vraiment pouvoir continuer pour aller de l’avant ensemble. » Pour illustrer au mieux l’étendue des actions de Cenca avec les femmes de Mariategui, laissons la parole à Abilia Alcantara Ramos, promotrice sociale de Cenca. Au contact quotidien des femmes accompagnées par notre partenaire, elle explique « Quand on demande aux femmes ce qu’elles veulent vraiment faire, la chose la plus importante et la plus fréquente qui ressort est leur envie d’apprendre et d’étudier. Beaucoup se sont mariées très jeunes et n’ont pas eu l’opportunité de terminer leurs études, parfois même l’école primaire. Elles voulaient monter des entreprises, rêvaient de faire de la confection, de la pâtisserie mais puisqu’elles n’avaient eu aucune formation ni aucune opportunité, elles ne savaient pas comment faire. […] Elles sont très motivées, n’avancent pas toutes à la même vitesse mais il y a beaucoup de solidarité entre elles, elles se poussent les unes les autres pour pouvoir avancer. »
La solidarité s’apprend et se pratique aux quatre coins du monde, Frères des Hommes et ses partenaires en sont les témoins et les populations concernées les actrices. En sensibilisant, en formant et en accompagnant des mouvements de solidarité qui font résonner les échos d’un monde plus juste pour les femmes, nos partenaires ouvrent la voie à des changements toujours plus nécessaires. Rejoignez-les, soutenez leurs engagements, faites un don !